Mon bon souvenir : 1989 “Et la femme découvrit l’homme”: Médaille d’Or aux Jeux de la Francophonie. J’ai crée cette chorégraphique à la demande du Ministère de la Culture et de la Jeunesse aux Sports, pour représenter le Togo aux Premiers Jeux de la Francophonie au Maroc. La chorégraphie a été magnifique et extraordinaire, la pièce “Et la femme découvrit l’homme” a rapporte la médaille d’Or en Arts chorégraphiques aux premiers jeux de la francophonie parmi les 53 pays francophones qui s’étaient présentés au Maroc. Je rappelle que c’était une grande joie pour moi et pour mon pays. La création chorégraphique a été demandée à plusieurs reprises. On l’avait rejoué à Toulouse (France) au Burkina-Faso, au Mali et au Togo. Cette chorégraphie a été jouée par 12 artistes (6 danseurs et 6 danseuses) plus 3 percussionnistes.
Mon pire souvenir : C’est très difficile d’en parler, j’ai remarqué que l’état togolais ne reconnaît pas la valeur artistique des héros togolais. En effet, ma Compagnie Ayigafrik a été invitée pour une tournée Européenne, en Italie dans le cadre du festival International Del Folklore (Sagne Delle Regne) du 08 au 20 juillet 1998, nous étions également invités du 30 juillet au 03 Aout 1998 en Allemagne au festival Komite Eropatag Paderborn E.V. et l’Aberdeen International Youth Festival du 05 au 15 Aout 1998.
En effet, Le mercredi 29 Juillet 1998, vers 19 heures, nous avions quitté Lomé afin d’aller prendre l’avion “La Nouvelle Frontière (Corsair) à Cotonou (Bénin) pour l’Allemagne via Paris (France) où le comité d’organisation du Festival de Paderborn devait venir nous accueillir. Entre temps, nous avions raté plusieurs vols de Lomé vers l’Europe et nous étions toujours sur la liste d’attente, et c’était une période bouleversante des élections présidentielles Togolaise, la population étant en grève; Ce mercredi le 29 Juillet 1998 vers 20h00 nous arrivâmes à la frontière de HILLA-KONDJI située au Sud-est entre le Togo et Le Benin.
Au cours de nos formalités douanières pour la traversée de la frontière, la police Togolaise nous arrêta tous et nous fit comprendre qu’elle nous attendait depuis le matin et ne donna même pas le motif de notre arrestation. Elle nous conduisit ensuite au Commissariat Central de la ville d’Aného pour un bref interrogatoire au cours duquel tous nos billets d’avion, passeports cartes d’identité et vaccinations nous avaient été retirés.
Vers 23h00, la police nous amena au Commissariat Central de Lomé d’ou nous étions détenus à vue avec les chauffeurs qui nous conduisaient de Lomé à l’aéroport de Cotonou. Après une opération de démonstration de la police, nous étions retenus en détention pendant 9 jours et 20 jours à la prison civile de Lomé. Ces policiers avaient préparé ce coup pour nous empêcher de sortir du pays. C’était un coup de tonnerre, les journaux locaux et internationaux avaient appris la nouvelle. Cette histoire me traumatise toujours.
Pouvez-vous décrire le Togo en matière de Danse ?
Le Ballet national du Togo a été crée en 1974. Après des années d’activités et de tournées internationales ayant fait la renommée du Togo, depuis 1981 le Ballet National togolais n’existait plus, pour des raisons financières, l’Etat n’arrivait plus à soutenir les besoins du Ballet national, et ce dernier a été finalement dissous.
Au fait, dans ce contexte où la création et la gestion des groupes chorégraphiques n’avaient pas connue le professionnalisme que l’on observe aujourd’hui. Depuis 1985 quand j’étais de retour au pays le Togo, j’ai lancé la Compagnie Ayigafrik et mon école de Danse avec le répertoire chorégraphique africain d’une modernité en pleine effervescence qui a révolutionné le monde de la danse au Togo. Grâce à l’ancien Proviseur du Lycée de Tokoin Mr Prince Agbodjan qui m’a donné le Gymnase du Lycée, je donnais les cours de danse aux élèves, et j’avais écrit ma première chorégraphique avec les élèves, intitulée « Les Hommes et les Extraterrestres ». On l’avait joué à Niamey (Niger) dans le cadre d’un échange culturel entre le Togo et le Niger.
J’ai remarqué que sur le plan chorégraphique, les togolais ne savaient pas à cette époque, l’art chorégraphique, je me suis débattu pour expliquer à plusieurs reprisses aux médias pour faire comprendre l’art chorégraphique : ”Une création chorégraphique, pour moi est l’art d’utiliser son corps de manière précise pour mieux exprimer une image ou un fait un sentiment, a l’aide de mouvement, Ce qui peut se faire par une ou plusieurs personnes. C’est aussi une possibilité de mettre son corps en scène afin de le faire parler dans le temps et dans l’espace. Enfin, en matière de Danse, j’ai beaucoup aidé mon pays sur le plan de l’évolution et du développement de la danse.
Aujourd’hui les togolais se sentent mieux en art chorégraphique, la plupart de mes étudiants de la danse que j’ai formés au Togo, certains sont en Europe (France, Allemagne, Italie, Portugal…) pour exercer leur métier, et ils continuent à danser et enseigner sur toutes les formes existantes aujourd’hui. Certains sont au Togo pour former leur propre troupe de danse, c’est un grand atout pour moi et mon pays… Notre Ministère de la Culture doit s’intéresser d’abord à promouvoir cette nouvelle forme d’art dans les écoles (la danse, le théâtre et la musique) comme le font les occidentaux, sinon nous serons très loin pour rattraper les autres.