Limda Awesso fait partie de la jeune génération de créateur de mode. A 35 ans, elle rêve de porter haut le flambeau culturel de l’Afrique. Et pour cela, elle y travaille ardemment en affinant minutieusement son art : un savant mélange combinant le style africain et Occidental.
Arrivée il y a bientôt cinq ans dans l’univers de la mode, Limda Awesso (« qui sort de l’eau » en Kabyè), se positionne désormais comme l’une des incontournables de la mode africaine avec sa griffe «ELI’MA» entendez, « Source de Lumière ».
Née d’un père Togolais et d’une mère Réunionnaise, Limda est tombée très tôt dans la mode. Depuis son enfance, elle dessine des vêtements.
« J’ai noirci de croquis des dizaines de cahiers. J’ai toujours eu l’envie de créer. J’imaginais des choses folles et je me demandais si ça plairait. Finalement ça a plu et je me suis lancée. J’ai débuté il y a cinq ans environ avec une boutique « Eli’ma Inspiration » », se souvient la créatrice.
En vérité, la jeune dame n’a jamais suivi une formation en couture. Autodidacte de son état, elle importait à l’époque de Dakar (Sénégal), des tenues en basin et en soie ; ce qui ne correspondaient pas vraiment à ses désirs ; et il fallait à chaque fois les retoucher. Elle a donc dû fermer sa boutique pour ouvrir un atelier de couture en février 2008 pour créer ses propres modèles. Un plus tard, elle présente sa première collection : une centaine de modèles, travaillés dans des matières africaines basin, coton, kita, soie…, confectionnés « avec une seule machine à coudre », raconte la styliste.
Aujourd’hui, elle a une demi-douzaine d’employés et un show-room, installé en plein quartier cœur de Lomé (Togo). Sa vision est d’apporter plus de gaieté et de joie de vivre à travers la mode, en « actualisant le style africain pour qu’on puisse la porter et aller n’importe où avec », explique-t-elle.
Pour cette benjamine d’une fratrie de cinq enfants, « le métissage est l’avenir du monde », et c’est ce qui justifie son style.
Une mode accessible à tous
Son originalité ? Apporter une fierté à chaque client qui portera ses modèles afin que celui-ci ne se dise pas que « ça a été fabriqué en Chine ou au Bangladesh par des enfants mais par une africaine », dit-elle avec sourire. Ce qui explique sans doute « l’autre regard » qu’elle porte sur la couture. Ainsi, la gamme de sa collection est assez large et variée. Elle va de boubous désignés aux tenues masculines cousus dans du tissu africain. Et ce n’est pas tout. Son « magic touch » réside sans la décoration dont elle use avec finesse à partir de précieux cristaux multicolores qu’elle combine avec minutie à ses modèles comme des motifs pour rehausser l’éclat de ses chef-d‘œuvres. Sublime. « Avec Limda, le basin, la soie, le satin, le coton ou encore le kita sort des sentiers battus pour déboucher sur le magnifique », confie Martial Seth, un des clients de la griffe « Eli’Ma ».
Directrice de festival…
Admiratrice de grands stylistes tels Pathé’O ou de Jean Paul Gaultier, Limda a aussi son festival de mode (du même nom Eli’Ma) dont la 3è édition est attendue en fin avril 2013 prochain. Grâce à ce festival, elle a eu l’honneur d’habiller la délégation du Togo à la CAN (Coupe d’Afrique des Nations) 2010 en Angola. Malheureusement, ses modèles n’ont pas eu le temps d’illuminer l’Afrique quand les Éperviers ont essuyé des balles meurtrières dans l’enclave de Cabinda. Néanmoins, elle a eu la chance de participer à des défilés de grandes envergures au Burkina-Faso, au Bénin et au Congo ; ceci, dans le cadre de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance de ces pays. Plusieurs personnalités du monde des affaires, de la politique, ainsi que de la culture dont Lokua Kanza du Congo font également partie de ses clients. Mère de trois enfants, Limda rêve aujourd’hui d’habiller Nelson Mandela.
Et femme d’affaires
Depuis Novembre 2012, Limda s’exporte au Qatar où elle exerce en tant que femme d’affaires. Elle y est distributrice en stock food et fait également dans l’évènementiel. A ses heures perdues, elle s’offre quelques lignes de Nicolas Machiavel « pour se préparer contre les coups bas qu’on rencontre dans le monde des affaires », confie-t-elle tout souriante. Heureusement qu’elle sait au moins là où elle met les pieds.