« Un car à casse » ou « une carcasse » ? Difficile de trouver le mot approprié pour qualifier cet engin qui sillonne les quartiers Bè-Kpota, Atiégou et Dabara-Kondji pour ramasser les ordures des ménages et services. Cette voiture sans marque, ni plaque qui ne dispose ni de carte grise ni d’assurance, rend un service inestimable aux populations des dits quartiers.
A son bord, on note deux personnes qui se chargent de transporter les effets encombrants des poubelles jusque dans la camionnette. Comme tout moteur fonctionnant au carburant, cette épave a droit à un entretien sauf un lavage qui risque de sectionner les doigts du laveur. Ceux qui n’ont jamais vu ce véhicule n’en croiront pas leurs yeux à sa découverte.
Pourquoi autoriser un tel engin à circuler ? Au-delà des risques de graves dangers qui entourent le passage de cette voiture, elle est d’une utilité bénéfique pour ses abonnés. Pour les clients, les moyens de transport des déchets n’ont pas d’importance. L’essentiel est de vider les poubelles.
Il est à noter que depuis les années 90 jusqu’à fin 2010, l’Etat n’arrive plus à assurer le ramassage des ordures par le truchement de la SOTOEMA, une société établie à cet effet. Cette situation avait provoqué la naissance anarchique de micro services privés de recyclage d’ordure dans chaque quartier. Ils utilisaient les pousse-pousse pour rendre l’environnement propre.
Sous d’autres cieux se sont des femmes portefaix, avec panier sur la tête, qui passent dans des maisons pour ramasser les ordures contre des clopinettes. Conséquences directes de ce secteur informel, naissance sauvage des lieux de décharge dans des quartiers, engendrant ainsi la pollution et le choléra.
Devant cette insécurité, les autorités municipales ont brandi l’interdiction de ramassage des ordures des pousse-pousse et des portefaix.
Pour ce faire, la voirie a doté la ville de nouveaux engins de collecte d’ordures pour un meilleur traitement.
La hache a commencé par tomber sur les « pousse-pousseurs » et les femmes portefaix. Cependant notre fameuse voiture échappe toujours aux mailles de la voirie. Espérons qu’un jour, elle décidera de ne plus revenir à la maison après avoir déversé les ordures et que son propriétaire amassera assez d’argent pour s’acheter une nouvelle caisse digne de ce nom pour son business.