La construction de nouvelles routes avec des systèmes de canalisation des eaux de pluies et usées un peu partout à Lomé exige des mains d’œuvres qualifiées. Chance Amivi ABOTCHI est l’une des personnes recrutées. Pourquoi elle ?
Parce qu’elle est la seule Togolaise, d’ailleurs jeune, à pouvoir piloter un Caterpillar. Elle attire de ce faite une foule de curieux autour de son travail. Elle s’est confiée à Alex LAWSON.
Comment es-tu arrivée dans ce job ?
Depuis mon enfance, j’ai toujours été passionnée par ce métier qu’exerçait mon père. Souvent je me rendais sur les chantiers où il travaillait. Et chaque fois j’avais une forte ambition de prendre un jour le contrôle des manettes d’un Caterpillar. Puis un jour, je lui ai demandé expressément de m’apprendre à conduire cette grosse machine. Du coup, il a été émerveillé. Cependant, il m’a averti que si c’est le plaisir d’apprendre, il ne le fera pas, mais si c’est pour l’exercer comme profession, il est partant. Et c’est comme cela que j’ai débuté.
Dans quelle société bossait ton père ? Et n’y avait-il pas de contrainte qui lui interdisait de te passer la main sur le chantier ?
Il était employé à UDECTO. Mais il était devenu contractuel avec la plupart de société de construction de ponts et chaussées avant de me donner des cours de pilotage. Cela a vraiment facilité mon apprentissage puisque la plupart de ses chantiers ont été pour moi des champs d’expérimentation. De là, j’ai eu une parfaite maîtrise des perles hydrauliques.
Aujourd’hui quelle société bénéficie de cet héritage que ton père t’a cédé ?
C’est la FAO qui m’a embauché. Je signale au passage que mon moniteur ne m’a pas encore délivré de diplôme. Mais cela ne va pas tarder.
Comment apparais-tu aux yeux des autres filles ?
Elles m’admirent beaucoup. Elles sont tentées, mais je leur dis que c’est une question de volonté et de courage.
Ce travail n’exige-t-il pas un déploiement de force musculaire intense ?
Quand le sol est dur, il faut faire face à de fortes secousses. Mais noter que la conduite se résume aux leviers de commande qui ne demandent aucune force. C’est comme sur un ordinateur.
L’exercice de ce travail est-elle conciliable avec la vie familiale ?
Ce métier, tout en étant passionnant, est aussi stressant. Quelques fois, les conducteurs des camions que nous chargeons et les ouvriers me compliquent le travail, mais cela se règle sur le chantier et n’altère en rien ma vie à la maison. J’ai un petit ami et je pense que je me marierai comme les autres femmes sans problème. C’est vous dire que ces deux domaines s’imbriquent en une parfaite symbiose.