Alexandre de Souza, né au Togo, vit en France à Lyon où il a fait ses études supérieures. Écrivain, il vient de publier en Novembre 2010 son deuxième livre intitulé « l’homme africain est-il intelligent? » aux éditions AFNOD.
Quelles émotions avez-vous envie de susciter avec un tel titre ?
Je n’ai pas envie d’éveiller une quelconque émotion chez qui que ce soit (homme blanc ou homme noir), je voudrais juste susciter une prise de conscience principalement chez l’homme africain en ce qui concerne sa condition de vie et l’état de son continent, et surtout lui apporter des armes nécessaires pour se défendre face aux diverses agressions qui viennent troubler la paix et l’harmonie de son monde et lui permettre de comprendre les enjeux de la domination et de pouvoir par conséquent trouver sa place et s’affirmer dans ce monde qui tend à l’uniformisation des modes de pensée et des modes de consommation. Pour l’homme occidental, le but que je poursuis est de lui faire comprendre que la domination sans vergogne a des conséquences inespérées que le progrès seul ne peut enrayer et que l’Occident ne sera jamais en paix tant que l’Afrique en ce XXIè siècle continue de mourir de faim, de souffrir du sida ou de croupir sous certains dictateurs cupides.
Ne pensez-vous pas que le titre peut-être mal interprété ?
J’en prends le risque. Mais aucun autre titre ne pouvait aussi bien expliquer cette finalité de l’action, cette ruse de l’esprit, cette recherche de l’intérêt collectif par tous les moyens et ce machiavélisme que je voudrais décrire. J’ai réfléchi au titre jusqu’à la dernière minute, avant l’édition. Et aujourd’hui, j’en suis pleinement satisfait. Non pas parce qu’il suscite une polémique, mais bien parce qu’il permet de recadrer le débat sur l’homme africain et d’apporter une réponse originale, claire et inédite, celle d’un homme africain. Au pire des cas, un tel titre ne peut susciter que du doute chez un homme instruit et cultivé. Et on le sait, le doute pousse à l’action, à la curiosité, à la découverte donc à la lecture et à la critique. Quant à ceux qui s’indignent du titre, ils fournissent la preuve qu’ils n’ont pas lu le livre au-delà du titre et que leurs esprits ne sont peut-être pas prêts à admettre ou même à envisager qu’une telle question soit posée. Je ne pourrai rien changer chez eux.
Comment est-il possible qu’un président ose affirmer cette non intelligence lors d’un discours sur le sol africain ?
Vous usez là d’un raccourci, qu’il faudra peut-être considérer délicatement, mais en tout état de cause, vous avez la preuve à travers ce discours de Dakar de Monsieur Sarkozy que les dirigeants occidentaux ne sont pas réellement amis des Africains comme ils pourraient le prétendre. Au contraire, ils sont très amoureux du continent africain et de ses ressources minières et énergétiques au point de sacrifier l’existence ou la vie de l’homme africain.
Dans votre livre vous assimilez l’ONU à une mafia. Qu’est-ce qui relie l’Afrique à cette mafia ?
Les outils faussement démocratiques de domination de l’Occident que sont L’ONU et ses organes dont la Banque mondiale et le FMI s’assimilent parfaitement à la manière de fonctionner d’une mafia. L’ONU tout d’abord, par le droit de véto qu’elle confère à certains Etats membres permanents de son conseil de sécurité creuse d’elle-même sa propre tombe. En réalité, l’ONU n’existe pas. Seuls existent les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, la Russie et la Chine. Seuls comptent leurs intérêts. Mais dans l’immédiat, son fonctionnement n’a rien de démocratique ou alors, il faudrait qu’on m’explique si démocratie rime avec puissance, arme nucléaire, menaces… Une institution qui existe pour jouer au médecin après la mort ne sert à rien. Et ses organes financiers ne font pas mieux, ils prêtent de l’argent pour mieux contrôler l’économie des nations et maintenir les États sous dépendance. L’Afrique est rentrée malgré elle dans cet engrenage pernicieux. L’urgence aujourd’hui est de trouver le moyen d’en sortir.
Blaise Compaoré est-il le président le plus stupide d’Afrique comme vous l’affirmez dans votre livre ?
Je l’ai écrit en me basant sur un sondage effectué auprès d’un échantillon d’hommes et de femmes africains toutes nationalités confondues. Ces personnes ont émis des avis différents en analysant les actions des dirigeants de plusieurs pays africains visant à apporter à l’Afrique une réelle indépendance politique et économique. Et il ressort que Blaise Compaoré, malgré ses agitations de médiateur dans tous les sens, occupe le dernier rang. Sans doute à cause de l’assassinat de Thomas Sankara, ce jeune héro de la résistance africaine, anti-impérialiste et panafricaniste. Monsieur Compaoré semble en tout cas être actuellement l’homme de main de la France. Si ce n’est pas le cas, qu’il le prouve, en autorisant des enquêtes et en faisant toute la lumière sur l’assassinat de son frère et ami Thomas Sankara.