Lomé regorge de plus en plus de cabarets au rideau blanc eu égard au nombre sans cesse croissant d’adepte du sodabi, une boisson à fabrication artisanale très prisée au Togo. Présent dans les réjouissances, les cultes traditionnelles et même en tradithérapie, le sodabi est produit dans nos villages à partir du vin de palme communément appelé « déha » en langue éwé et « bam » en langue kabyè.
Cette fabrication est faite par les paysans togolais qui, à la différence de ceux camerounais ou casamançais, abattent les palmiers avant d’en extraire le vin. A en croire Mme Dada M., productrice de sodabi : « la technique consiste à abattre le palmier et 15 jours après, à tailler dans l’aubier et y allumer du feu afin de faire couler le vin qui est recueilli dans une assiette via un tuyau ».
Le vin se transvase deux fois par jours : les matins et les soirs. La prochaine étape comme l’explique notre interlocuteur, est la phase de distillation : « le vin de palme est conservé durant 8 jours dans des budeons fermés. Ce délai écoulé, le vin ainsi fermenté est filtré et mis au feu dans un tonneau fermé. Ce tonneau est relié par un tuyau, à 3 autres tonneaux remplis d’eau froide. Au bout de cette chaine se trouve un budeon de 20 litre dans lequel va s’écouler les gouttelettes de vin ».
La technique d’extraction et de production ainsi décrite, n’est paradoxalement pas ce qui amenuise les discussions dans les cabarets de la capitale. Les consommateurs s’attèlent plutôt, dans leur causerie, à l’actualité socio politique dans le pays et plus généralement, à la coupe du monde, aux crashs d’avion, voire la fuite de pétrole dans le golfe de Mexique. Véritable point d’information ou cabaret de sodabi, en tout cas, tout dépend du gout de la boisson locale et des « ambianceurs » présents. Monsieur Gnon R. en dit plus : « Quand on fini de bien manger et on prend du kpetessi ou sodabi, ça donne de la force. Et souvent c’est dans les cabarets qu’on chasse les soucis à travers les discussions sur ce qui se passe dans le monde. Vous voyez que si le sodabi est bon et il y a un comédien, c’est pratiquement une fête ».
« Si le sodabi est bon » a-t-il déclaré. Comment alors reconnaître un bon sodabi du mauvais, surtout qu’aucune garanti n’existe dans cette activité commerciale. A quoi peut-on s’attendre si par mégarde, l’on en prenait le mauvais ? Voilà autant de sujets sur lesquels, les consommateurs du « kpetessi » ne sont pas unanimes. Toutefois, plusieurs d’entre eux estiment que les gouts changent suivant la qualité et ce n’est que par l’habitude qu’on peut reconnaître la différence. De toute manière, la leçon est la même : « l’excès est nuisible à la santé »