La femme togolaise est aussi comptée dans la maille des créativités du pays. Actrice principale de la grande partie des activités commerciales du pays, celle de la « basse classe » (généralement analphabète) a au bout du doigt d’énormes « petites activités » qui lui génèrent quotidiennement, de quoi assurer sa survie et celle de sa famille. Comme beaucoup d’autres femmes dans le domaine de confection de nattes traditionnelles, Mme Akossiwa dada dit « abaato » n’a pas fréquenté mais impressionne sa clientèle par la qualité des produits de son activité qu’elle a importée du Ghana voisin: « c’est du Ghana qu’on a l’herbe brute et nous peinturons pour en faire des nattes ».
Assemblage d’herbes, mais régulièrement acheté au prix de 1200 à 1500 fcfa l’unité compte tenu du nombre de place de la natte. Dans cette logique, attirer le plus de clientèle pour se faire fortune devient une équation qu’elle tente souvent de résoudre en multipliant constamment sa marchandise. Pour d’autres, c’est plutôt par un Klaxon soit en poussant quelques cris qu’elles annoncent leur passage. Cela dépend en tout cas de la nature de l’activité menée. Mme Akwa traîne chaque jour sur sa tête le vin de palme: « c’est ce que je fais pour nourrir mes enfants. Je recueille le vin de palme dans ma gourde et je tourne dans les maisons pour vendre ». Explique en vernaculaire la quarantaine vieille dame togolaise. A la question subviens-tu à tes besoins, elle répond: « pas tous les jours mais ça peut aller quand même ». D’autres femmes en font autant mais empilent plutôt dans un coin de la rue, une montagne de noix de coco frais qu’elles écoulent facilement à longueur de journée à raison de 50 fcfa l’unité. Ailleurs, c’est du bois taillé en cure-dent qui fait recette.
Bien d’autres activités lucratives sont menées par cette classe sociale afin de faire face un tant soit peu aux « intempéries » de la vie chère au Togo. Il s’agit entre autres de la fabrication de balaies, d’éventails et des paniers à partir des branches du palmier, des fourneaux artificiels en argile, des boissons locales… auxquelles sont ajoutées ces derniers temps les esthéticiennes ambulantes. Ces dernières si nombreuses dans la capitale (Lomé), tournent leur affaire avec à la main ciseau, lime, vernis puis quelques dissolvants pour tailler et embellir les ongles de leur clientèle à raison de 150fca, pédicure et manucure combinées.
Pour venir à bout des besoins vitaux de cette agente féminine défavorisée par la logique de nombre de pays africains où les études sont désormais à vénérer, le composite de cette classe de femme considère donc son vécu quotidien comme un défi à relever absolument.