Artiste plasticien et passionné depuis tout petit, Yao METSOKO est né à Atakpamé au Togo, le 14 janvier 1965. Je vous laisse découvrir ce grand artiste qui fait parler de ses tableaux et de ses sculptures… Site officiel : http://yaometsoko.com
Yao METSOKO, merci de vous présenter à nos lecteurs
Je suis artiste peintre-sculpteur père de deux garçons et vivant en France depuis 1985. Comme un artiste digne de ce nom, je m’attèle à créer au gré de mes inspirations et des interrogations qui se posent à moi.
Au delà de mon travail personnel, l’Art m’aide à communiquer et à dire parfaitement mes sentiments les plus profonds. Également, la question de la transmission est une composante essentielle dans la façon dont j’appréhende la problématique de l’Art dans la société.
La création artistique reste donc pour moi un des moyens les plus pertinents pour dire le monde dans son corps et dans son esprit et elle demeure absolument un vecteur de liberté et du lien des plus puissants.
Quelle formation avez-vous suivie ?
Je dirai que je suis un autodidacte parvenu à maîtriser les techniques appropriées pour donner à ma créativité, force et esprit qui confèrent à une œuvre toute sa légitimité et une âme ; ceci transpire dans mes œuvres à travers une écriture picturale personnelle.
Comment et quand avez-vous eu le déclic pour la peinture et la sculpture ?
Depuis tout petit, je suis tombé dans la marmite de l’Art ; d’abord la peinture puis la sculpture. J’ai toujours été passionné pour le dessin, encouragé par ma mère qui aimait me voir dessiner des images d’iconographies religieuses. A l’école les enseignants ayant détecté une prédisposition chez moi m’ont poussé à me perfectionner. Mon arrivée à Londres et à Paris en 1984 sera déterminante car je découvre des œuvres monumentales en musées (Marc Chagall, Picasso…) et je rencontre le grand artiste togolais Clem Lawson dont les conseils seront pour moi un véritable phare. Aussi, au fil des années, mes recherches artistiques me mèneront vers un art quasi personnel.
Quels sont les obstacles que vous avez eus à franchir pour vous imposer, vous faire connaître ?
Le monde de l’art comme vous le savez est « aléatoire » et fonctionne par « cercles fermés ». Aussi il est important de comprendre l’environnement dans lequel on est, de créer des passerelles par sa capacité de pénétration et de persuasion grâce à un travail pertinent et de réseaux. Ce travail est long éprouvant et peut être déstabilisant pour les jeunes créateurs qui peinent à percer et à voir un juste retour d’investissement sur leur travail.
Les obstacles sont donc les mêmes pour bon nombre des artistes et en particulier les artistes africains; les ateliers inadaptés, le manque de mécènes, les institutions absentes, la problématique des cercles fermés, le marché etc… Toutefois quelques-uns arrivent aujourd’hui à tirer leurs épingles du jeu.
Pour ma part il a bien fallu un sursaut d’orgueil ayant bien analysé le milieu… J’ai décidé que personne ne me ferrait douter de moi même, faisant de mon art un acte souverain ! Au gré des lois du marché et du milieu, nous avançons et avancerons fiers et résolus. Nous cheminons avec ceux qui savent nous voir et nous ouvrons de nouveaux chemins de vie. Les formes conventionnelles figées mourront d’elles mêmes. Comment nier la liberté de créativité aux artistes au point de leur imposer une stratégie de marché dans un espace où la liberté est le moteur.
Parlez-nous de vos derniers œuvres ?
Une réflexion poétique sur une série de peintures autour de « la chute d’Icare… ». Aussi paradoxale que cela ne paraît, la liberté ne peut s’appréhender pleinement que par la maîtrise des lois qui permettent de faire des choix pertinents libérateurs. Un excès de zèle, une passion tumultueuse sont autant de comportements qui peuvent créer l’effet inverse de ce qui est attendu ; c’est en substance ce que m’inspire le mythe d’Icare, personnage qui s’étant élevé trop haut dans le ciel s’est brûlé les ailes au soleil.
Également il s’agit d’une leçon de vie pour ceux et celles qui se laissent griser par le pouvoir et dont la chute est souvent tragique.
Quels sont vos objectifs pour les années à venir ?
Explorer le reste du monde et continuer à créer.
Aider à l’encrage des Arts plastiques dans nos pratiques sociales en Afrique.
A travers mon travail, permettre une meilleure compréhension de l’Afrique par les occidentaux et le reste du monde dans les milieux où je suis.
Parlez-nous du projet sur lequel vous travaillez en ce moment !
Je crois qu’il est temps que j’y travaille sérieusement plutôt que de trop en parler à chaque fois. Il s’agir de créer un espace culturel au Togo et j’ai bon espoir que les travaux puissent avancer. Par conséquent j’y reviendrai une autre fois. Également je porte à Paris avec Son excellence l’Ambassadeur du Togo actuel (que je salue et remercie pour son soutien) un projet d’expositions permanentes d’œuvres d’artistes au sein des locaux de l’Ambassade du Togo en France. Les cimaises y sont installées et les artistes pourront à tour de rôle y exposer leurs œuvres très bientôt.
Quels sont les artistes peintres togolais les meilleurs pour vous ? Et pourquoi ?
Je ne veux pas faire de jaloux car en réalité je voudrais rendre hommage à tous ces créateurs et créatrices togolais qui sont nos meilleurs ambassadeurs culturels dans le monde. Ils sont tous et toutes bons et bonnes par la puissance qu’évoque leurs créations… Toutefois, je citerai ici deux grands maîtres que sont pour moi le feu Paul Ayhi et le perliste Clem Lawson ; le premier a ouvert des chemins à toute une génération d’artistes togolais et africains et le deuxième m’a apporté personnellement.
Votre dernier.
Si nous pouvions compter sur des mécènes et institutions africains pour soutenir (résidences artistiques, bourses, aides à la création, achats d’œuvres…) les créateurs que nous sommes alors la puissance de feu de notre créativité en serait décuplée. Aussi nous changerions les rapports de force dans le marché qui nous est actuellement défavorable avec un minimum de respect.
Aussi un vaste programme de travail de vulgarisation des arts plastiques dans les écoles peut être stimulant pour l’esprit créateur de nos enfants. Ce travail préparerait ainsi à une nouvelle génération de regard sur le beau et l’excellence. Mais également à la préservation de notre patrimoine immatériel.
Aussi j’en appelle aux artistes du pays de s’organiser entre eux et de s’entraider pour développer des stratégies de communication et de positionnement face au marché.