S’il est bien connu pour son intérêt à la chose politique, l’homme n’ en reste pas moins un passionné de l’art, spécialement du conte. Lui, c’est Gnimdéwa ATAKPAMA surnommé «Gnim». Il assume plusieurs charges : enseignant, journaliste, politicien, écrivain, conteur. Rencontre avec l’artiste.
Comment est née votre passion pour le conte ?
Je peux dire que j’ai tété le conte dans les mamelles de ma mère (rires)… c’est juste parce que cette dernière était conteuse. En plus je suis également issu d’une grande famille où le conte faisait partie de mon quotidien. Cela a donc progressivement pris possession de mon corps à tel point que déjà à l’âge de 7 ans je rassemblais du monde pour conter des histoires.
Uniquement cette passion vous a-t-elle hissé au rang de l’un des conteurs togolais les plus connus ?
Pas vraiment. J’ai progressivement développé cette passion sans vraiment penser à en faire une carrière. Déjà jeune, je contais des histoires à qui voulais les entendre puis devenu adolescent, je la cultivais occasionnellement par le biais d’une émission de comédie réalisée par la télévision nationale à laquelle je participais. Mais le déclic est arrivé en France où je me suis retrouvé pour les études. La passion étant plus forte, je contais sur des places publiques moyennant de l’argent pour subvenir à mes besoins en tant qu’étudiant. Puis j’ai fini par écrire un livre de contes pour enfants qui a été publié. Et c’est parti de là. En faisant des animations dans des écoles, dans les bibliothèques et autres je me suis alors fais plus connaitre, j’ai été sollicité dans beaucoup de festivals et je ne passais plus inaperçu.
Vous vous êtes fait un nom en France mais pendant ce temps au Togo on ne vous connaissait pas vraiment…
Au depuis c’était un peu timide mais par un coup de chance, j’étais à un reportage à paris au Centre Culturel Français et j’ai rencontré le grand conteur africain Sodigo Kouyaté. Très vite nous avons sympathisé, il m’a confié à son fils également conteur et à côté de ces artistes africains de renom j’ai pu prester dans des festivals africains et me faire connaitre dans mon pays.
Vous évoquiez tantôt la publication d’un livre pour enfants dans votre aventure de conteur… le conte a-t-il suscité l’écriture ou les deux passions sont-elles liées ?
Pour moi, il n’y a pas de différence, c’est toujours la littérature. Depuis longtemps on a considéré l’africain comme dépourvu de culture mais c’est le peuple qui possède la plus grande diversité culturelle. Nous possédons tous un patrimoine culturel mais les moyens de transmissions sont différents. La culture africaine et basée sur l’oralité et celle occidentale sur l’écriture. Pour moi les deux vont de pair parce qu’écrite ou orale la littérature c’est ma passion.
Vous écrivez également pour les adultes mais curieusement vous leur racontez à eux aussi des contes…
Je raconte des contes mais à travers ceux-ci je fais passer des messages. Mes contes parlent généralement des histoires, c’est par des histoires qu’on transmet des valeurs…
Conteur, enseignant, journaliste, vous évoluez également dans la politique. Comment vous en sortez-vous ?
Pour moi toutes ces casquettes se recoupent en une seule chose : l’art de la parole. Parce que dans tous ces métiers ce sont des histoires que je raconte. Je raconte des histoires vraies, ou réelles. La parole guérit, apaise, mais elle peut également tuer, la parole peut être belle mais également sale. Il faut donc savoir la manier. Je joue ce rôle du conteur d’hier, du journaliste d’aujourd’hui et du politicien idéal.
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Je suis intéressé par la vie dans toute sa diversité et sa pluralité. Mes discussions, mes découvertes mes joies, mes indignations, mes états d’âme, ceux des autres, tout ce qui m’entoure m’inspire…
Quel regard portez-vous sur l’art togolais ?
L’art doit être au centre de tout. C’est l’art qui ressort tout ce que nous avons d’humain, de sensible… Avec l’art nous pouvons bâtir notre nation, bâtir ce monde. A l’endroit des togolais je lance un message d’unité. Car aujourd’hui les togolais sont reconnus par leur travail partout dans le monde. Mais ce qui nous manque c’est un projet collectif. C’est cela qui dégage l’identité, la culture d’une nation. Il faut que nous soyons unis pour porter haut le flambeau de notre patrie.