Grâce à la magie de l’image, l’artiste plasticien Jules Amou nous fait remonter le temps, allant à travers une exposition iconographique à la découverte de la ville de Lomé des années 1920 à 1945, faste période de la présence allemande. Cette exposition est la deuxième de l’artiste avec l’association « Image et Mémoire ». Il nous explique dans cet entretien, l’évènement en lui-même et ses objectifs.
Vous organisez une exposition-photo de ce à quoi ressemblait Lomé des années 1920 à 1945. Quelle est votre motivation en organisant cette exposition ?
L’exposition 1920-1945 s’inscrit dans la droite ligne, de ce que notre association « Image et Mémoire » est entrain de faire au Togo. Vous vous rappelez qu’il y a deux ans, nous avions déjà fait une exposition de Lomé des années 50 à l’Institut Goethe. Et aujourd’hui, nous ouvrons l’exposition Lomé 1920-1945 à la galerie Curios. Mais, nous sommes déjà entrain de préparer Lomé de la période coloniale. Donc, l’idée qu’il y a derrière ces genres d’exposition, c’est de faire découvrir aux loméens, aux togolais, de voir ce qu’était Lomé avant, pendant et après les indépendances. L’objectif principal, c’est de faire la promotion de ces images anciennes, de ces iconographies anciennes, et de faire en sorte qu’on préserve le patrimoine culturel, le patrimoine colonial de Lomé. Au lieu de casser les bâtiments, au lieu de couper les arbres, il vaut mieux les restaurer, il vaut mieux les préserver. Donc, c’est l’objectif principal de ce genre d’exposition.
Où trouvez-vous ces images ?
Les images malheureusement se trouvent en occident. Et donc, notre association Images et Mémoire a pour objectif, de faire revenir ces images dans leurs pays d’origine. Ce qui fait que, nous avons des branches, des sessions de « Images et Mémoire » qui est une association française. Nous avons des sessions dans d’autres pays de l’Afrique Francophone, au Vietnam où nous exposons ces images là, que nous récupérons auprès des membres de « Images et Mémoire » ou auprès de collectionneurs.
Votre exposition tire à sa fin, est-ce que votre objectif est atteint durant toute la durée de l’exposition ?
C’est vrai que nous avons ouvert l’exposition le 20 novembre 2013, et nous devions clôturer cette exposition le 15 janvier 2014. Mais il s’est fait que compte tenu de l’affluence du public, nous nous sommes trouvés obliger de repousser la date de fermeture de cette exposition jusqu’au 28 février 2014. Donc, le public a encore la possibilité de visiter cette exposition, de voir ce que Lomé était dans les années 20-45.
Qu’y a-t-il découvrir de frappant dans cette expo ? Quelques images fortes ?
Oui, au niveau des 96 images exposées, on peut découvrir les bâtiments tel que l’église Saint Augustin en construction, on peut découvrir le Wharf, on peut découvrir la maternité, on peut découvrir le palais des gouverneurs, on peut découvrir la direction des postes, plusieurs images à contempler… des rues bien tracées avec des arbres… Bref beaucoup de choses, beaucoup de belles choses sur les 96 images exposées.
Votre association Images et Mémoire restitue en quelque sorte l’histoire de Lomé à ses habitants. Quelle impression a le public en revisitant le passé de sa ville dans cette galerie ?
Les gens sont d’abord surpris de voir que Lomé avait à cette période-là, ces infrastructures qui faisaient à cette époque sa beauté. Ensuite, les gens sont contents de voir qu’il y a des personnes qui arrivent à préserver ces images, qui disposent de ces images et qui veulent les montrer à la génération actuelle. Aussi, les gens sont un peu tristes de voire aujourd’hui que certains bâtiments datant de l’époque coloniale sont cassés, certaines bâtiment ont leur façades défigurées. Je vais donner l’exemple de l’hôtel du Golfe. Si vous passer aujourd’hui devant l’hôtel du Golfe dans la rue du commerce, vous n’allez pas le reconnaitre, parce que, on a changé carrément la façade. C’est des choses à éviter. Heureusement aujourd’hui, le gouvernement veut restaurer le Palais des Gouverneurs. Il y a aussi le cas de la maison Anthony au niveau du grand marché. Une maison construite en bois, une maison qu’on a démolie et à la place de laquelle on a mis des boutiques. Ce n’est pas normal. Il faut préserver ce patrimoine là, qui fera la fierté de Lomé. En plus ce sont des atouts touristiques, sources d’entrées de devises.
Qui sont les visiteurs de cette exposition ?
On reçoit aussi bien par des togolais que par des expatriés. Mais, je dirais que les expatriés constituent la majeure partie de ceux qui visitent l’exposition. Donc, nous invitons les togolais à visiter cette galerie afin de voir les bâtiments dans Lomé, que nous ne connaissions pas. Et j’invite aussi les architectes à visiter cette exposition, pour pouvoir s’inspirer de l’ancienne architecture de Lomé, et voir comment préserver ce qui reste. On dit souvent que, c’est au bout de l’ancienne corde qu’on tisse la nouvelle. Donc, il va falloir que nos architectes, nos urbanistes visitent cette exposition pour pouvoir s’en inspirer.
Est-ce que les jeunes scolaires, du primaire et du secondaire sont aussi invités ?
Oui, pourquoi pas !, il y a deux ans, quand nous avions monté l’exposition Lomé des années 50, il y avait des élèves, des lycées et des collèges qui ont visité l’exposition et qui ont beaucoup aimé et appris. Donc, nous invitons encore les écoles à organiser ces genres de visites pour pouvoir faire découvrir aux jeunes d’aujourd’hui, leaders de demain, ce que Lomé était, pour pouvoir préserver ce patrimoine là.