C’est à la faveur d’un énième retour au pays que nous avons pu rencontrer à l’Espace Tralalala, sa base arrière au Togo, cet artiste qui vit à Bruxelles depuis quelques années. Rojah Lao, puisque c’est de lui qu’il s’agit, fait un genre musical exceptionnel : un cocktail de reggae et de musique traditionnelle dont le résultat final est un son envoûtant qui vous transporte dans une autre dimension. De ce métissage musical né de la recherche personnelle de l’artiste, est sorti un single intitulé « Jah plus haut ». Nous avons essayé d’en savoir un peu plus sur l’artiste, sur son engagement et son art…
Dites-nous, qui est Rojah Lao ?
Rojah Lao, artiste togolais. Je vis à Bruxelles. Je suis aussi le fondateur de l’association Tralala en Belgique et au Togo. Et aussi, le fondateur de l’Espace Tralala à Lomé. Je suis percussionniste, chorégraphe chanteur, et producteur de mes propres œuvres. Comme le dirait quelqu’un je suis un artiste complet (Rires) !
Parlez-nous un peu de l’Association Tralala ?
L’association Tralala, c’est une association multiculturelle avec laquelle on a différentes disciplines, comme la musique, la danse, l’art plastique, le théâtre. On fait des concerts, de la production de disques etc. On est basé à Bruxelles et à Lomé. Donc au Togo et dans notre quartier Tamani, avec l’Espace Tralala, on essaie de ramener la culture dans le quartier.
L’association Tralala est-elle juste culturelle ou, faites-vous aussi du social ?
Bien sûr ! C’est le point « A » de l’association culturelle Tralala. Donc, tout ce qui est social, surtout le travail avec les enfants de la rue, les enfants dans les écoles, l’éducation, des conseils et des discussions, on s’occupe de ça. Présentement on travaille sur la lutte contre la pollution des (sacs) plastiques et on vient de présenter un spectacle sur ce sujet, monté avec les jeunes de Tamani.
Le moins qu’on puisse dire, est que malgré le boulot culturel et social que vous abattez, vous n’êtes pas très connu du public togolais. A quoi cela est-il dû ?
Je suis connu dans tous les quartiers, je suis connu partout, sauf au niveau des médias. C’est un peu difficile. Moi qui fais une carrière internationale, quand je reviens dans mon pays, c’est un peu difficile pour moi de payer les journalistes, de payer les télés pour faire passer ma musique, mon clip ou mon spectacle. Cela fait un peu plus de vingt ans que je fais l’aller-retour entre le Togo et les autres pays. Il ne reste qu’aux médias togolais d’embrasser la carrière de Rojah Lao et les activités de Tralala.
Rojah Lao, vous faites quel genre de musique ?
Moi je suis afro-reggae, je danse, je suis chorégraphe, j’enseigne la danse, la danse traditionnelle, la danse contemporaine, toutes les influences de danse qu’on peut trouver dans le monde.
De quoi parlent vos chansons et avez- vous déjà à votre actif un album ?
Avec ma musique, c’est le message de paix, de solidarité, et d’unification de l’Afrique. En ce moment, je suis en préparation de mon album, dont le single est sorti en novembre 2013 à Bruxelles. Tout a été produit par moi-même, donc, je suis auteur-compositeur-producteur de mon single et l’album va suivre en 2014.
Combien de titres aurons-nous le plaisir d’écouter sur cet album ?
Entre huit et douze titres. Ca va dépendre de comment ça se passe au studio. Le mieux c’est que toutes les chansons soient prêtes et qu’on les mette sur un album. Si on n’est pas content du résultat final d’une chanson, on va la retirer de cet album. Mais c’est huit chansons au minimum sur l’album quoi.
La promotion de cet album se fera où ? Au Togo ou à Bruxelles ?
La promotion au niveau de la Belgique, c’est assurée. Mais au niveau du Togo, ça va se faire. Dès que l’album sort, je vais essayer de le mettre en avant pour que le public voit ce que font les jeunes talents togolais, comme Rojah Lao.
Quel regard Rojah Lao porte sur la musique togolaise aujourd’hui ?
La musique togolaise se porte très, très, bien. Bien sûr que les artistes, ils galèrent, mais ça fait partie de la carrière. Donc les artistes se battent, dès que je rentre, je me rends compte qu’il y a de plus en plus de productions, même si ce n’est pas top, déjà il y a une présence artistique, musicale sur le terrain qui est assez important. Et je félicite beaucoup ceux qui sont restés sur le terrain et qui continuent toujours de se battre, je crois que la musique togolaise est sur la bonne voie.
Vous êtes président d’une association et artiste de la chanson. Comment est-ce que vous arrivez à combiner ces deux mondes ?
Je suis fondateur de l’association Tralala. Je la représente au Togo, en Belgique et partout dans le monde. C’est une partie du travail que je fais et que je combine avec mes propres activités culturelles, les concerts, les studios et tout. Mais avec l’association Tralala, j’ai une équipe qui me soutient, une équipe composée des gens de Lomé, des gens de Bruxelles, des gens de France, de Londres, des Etats-Unis, des gens d’un peu partout qui soutiennent l’association.
Que signifie Tralala ?
Tout le monde sait ce que ça veut dire Tralala en français. Mais en Mina (vernaculaire très utilisé dans le sud du Togo), Tralala veut dire continuité.
Continuité, pour dire que l’association et ces œuvres c’est pour toujours ?
Voila ! Pour toujours, pour toujours et pour toujours.
Comment fonctionne le centre culturel Tralala, puisque vous n’êtes pas à Lomé ?
Le centre fonctionne en collaboration avec les gens du quartier de Tamani qui peuvent utiliser l’espace pour faire des activités culturelles, des rencontres, des réunions etc. L’école primaire et le Collège Lavoisier, situés juste à coté et qui sont aussi partenaires de Tralala peuvent jouir aussi de son cadre. Donc, les enfants de l’école, c’est aussi leur espace pour des activités extrascolaires comme la musique, la danse, le théâtre. Donc, même quand je ne suis pas là, je mets des gens qui viennent mener des activités ici, comme : cours de guitare, cours de théâtre, cours de musique, toutes les activités culturelles sont les bienvenues.
Pour terminer, Rojah Lao, un mot à l’endroit de nos lecteurs.
Tout le Togo doit se mobiliser derrière la culture pour le faire avancer, parce que, c’est à travers la culture que le monde peut redécouvrir notre petit pays. Donc, j’envoie le message à tout le monde, pour que eux aussi, ils fassent passer le message à tout leur entourage, d’être unis et solidaires envers l’art, les artistes, et c’est ça qui fait bouger un pays.