Le jeune et talentueux humoriste togolais Folo, après avoir squatté pendant un bon bout de temps les planches a presque totalement disparu de la scène. Nous sommes donc allés à sa rencontre pour voir ce qui se passe, en savoir plus sur ses projets et éventuellement le faire mieux connaître à nos lecteurs.
Bonjour l’artiste. Pouvez-vous nous dire votre vrai nom ?
Folo : A l’état civil, je suis Folly Koffi, alias Follow.
Dites-nous, l’humour c’est quoi pour vous ?
Folo : Tout d’abord, j’aimerai dire aux gens qui me connaissent, que l’humour, je le fais tout simplement par plaisir. Qu’ils sachent aussi qu’en dehors du fait que c’est un plaisir pour moi de les faire rire, c’est aussi mon boulot. C’est le travail que je fais. Je vis de ça. Vous avez comme vous le dites, fait de l’humour votre métier.
Est-ce que vous êtes allé à une école de formation humoristique ?
Folo : Non, je n’ai pas été à une école qui forme à cela mais, je me suis formé sur le tas. Parce qu’il n’y a pas d’école ici, par contre dans d’autres pays africains, il en existe. Donc ici il n’y a pas une école en tant que telle. Tu vois des choses à la télé, tu apprends et ainsi de suite… Alors, l’humour pour toi, c’est faire rire quelqu’un, c’est lui apporter de la joie.
Est-ce que vous, il vous arrive quelque fois que quelqu’un vous fasse rire aussi ?
Folo : Oui, il arrive que tu ailles à un spectacle d’un humoriste et tu ris comme un fou et les gens sont étonnés. Nous aussi, nous sommes des êtres humains. Des fois, il y a des amis qui ne sont pas humoristes, mais qui te font rire, et tu te dis, mais si le gars là était humoriste, cela va être comment ? C’est Dieu qui donne ces talents.
Ça fait un bon bout de temps qu’on ne vous voit plus sur scènes, dans des spectacles. Pourquoi cette absence ?
Folo : Oui, cette absence il le faut, parce que parfois, il faut reculer un peu pour voir ce qui marche et ce qui ne marche pas. Pour pouvoir avancer, il faut que tu travailles un peu dans l’ombre pour sortir à la lumière.
Selon vous, ça fait combien de temps que vous n’êtes plus sous les feux des projecteurs ?
Folo : Selon moi, ça fait banalement un an.
En tant que humoriste, un an sans show, sans se présenter sur des scènes, qu’est-ce que ça vous fait ?
Folo : Au fait pendant ce temps là, ce n’est pas que je ne fais pas de scènes. C’est juste qu’il y a certaines scènes sur lesquelles je n’apparais pas. Mais je vais quand même sur d’autres scènes et je fais aussi du théâtre. Si les spectacles humoristiques sont mis en berne, je bosse quand même sur d’autres choses. La dernière fois par exemple, j’étais à Goethe institut dans un spectacle intitulé « Shit ».
Aujourd’hui si vous portez un regard dans le milieu humoristique au Togo, est-ce que le secteur évolue ? Ou y a-t-il régression ?
Folo : Selon moi c’est en régression, parce que ça fait un bon moment que l’humour ne se fait plus sentir au Togo, depuis l’autre histoire là !
De quelle histoire parlez-vous ?
Folo : (Rires…) Quand j’ai dis l’histoire là, vous avez secoué la tête ? Vous connaissez l’histoire, sinon vous n’allez pas secouer la tête et je sais que les gens savent de quoi je veux parler et je ne vais pas polémiquer là-dessus. C’est pour cela je dis, présentement l’humour est en régression. On prie fort et on travaille dans l’ombre pour pouvoir le redresser.
Vous travailler dans l’ombre pour pouvoir redresser l’humour au Togo. Qu’est-ce que ça vous fait quand vous voyez des spectacles « Bonjour » en Côte d’Ivoire et d’autres du même genre ailleurs ? Au Togo, on n’a pas ce genre de podium, pourquoi ?
Folo : Oui, le problème, c’est qu’au Togo, il n’y a pas de salle de spectacle. Que des salles de conférence et le « palais des congrès ». Leurs coûts de location sont chers et ce n’est pas évident de récupérer ne serait-ce-que son investissement derrière. Quand tu fixes un prix comme 5.000 fcfa, pour beaucoup de gens, c’est trop cher. On ne trouve pas à manger et on ira dépenser une telle somme à un spectacle ? Je crois que dans d’autres pays, les gens ont compris la culture et les gens ont compris ce que c’est que l’humour. Quand tu viens à un spectacle d’humour, et que tu viens avec vingt-cinq maladies, tu repars avec deux maladies, tu es guérit quoi ! Tu vois ? On priera fort et quand je dis qu’on priera fort, ce n’est pas le président. On prie fort, et on priera monsieur le président Faure et tous les mécènes qui peuvent créer une salle de spectacle pour nous, pour que ça marche et pour qu’on ait plus de public puisqu’on a des salles adaptées à ce public.
Alors, Folo, comment est-ce que vous arrivez à faire rire les gens ? D’où vous viennent les inspirations ?
Folo : Pour ma part, j’observe beaucoup. Quand je marche, je regarde les choses, je regarde comment les gens font, je me dis, il y a ce truc, quand je l’adapte comme ça, ça peut faire rire et ça passe vite. Et des fois je suis là et il y a des histoires qui me viennent à l’esprit. Un truc que je fais d’habitude aussi : quand je me réveille je me dis, jusqu’à ce qu’il sonne minuit, il faut que je trouve une histoire. Et quand je n’ai pas d’histoire, je n’arrive même pas à dormir. Parce que chaque jour il faut travailler, produire, et je dirai aussi que c’est le théâtre qui m’a beaucoup formé. Quand tu fais du théâtre, tu as de l’inspiration. Parce que j’ai été premier dans un match d’improvisation, et là, je sais que j’improvise beaucoup et je travaille là-dessus aussi.
A quand tes produits en visuels ou en audio sur le marché ?
Folo : Je suis en train de travailler actuellement avec Fanga Music. On est entrain de faire des séries de cinq, dix minutes et bientôt ça va sortir. Donc, apprêtez-vous à payer plus pour l’électricité.
Aujourd’hui, il n y a que Gogoligo sur les scènes humoristiques. Est-ce Gogoligo la référence aujourd’hui dans le milieu ?
Folo : Moi je dis, chacun a son temps, c’est son temps et il le fait et c’est bien pour lui. Nous aussi on prie beaucoup pour que ça marche pour nous et on fera notre temps également.
Pour terminer, quel serait votre dernier mot à l’endroit de nos lecteurs ?
Folo : Qu’ils continuent à nous soutenir et de notre côté nous ferons toujours tout pour leur apporter du plaisir.