Claudio KUNAKEY né le 21 juillet 1964 à Lomé, est artiste plasticien assembleur, sculpteur, bref un artiste multidisciplinaire. Plusieurs expositions d’art plastiques sont à mettre à son actif. La dernière en date est son exposition d’œuvre d’art le 8 mars 2011 lors de la journée internationale de la femme.
Yves Dossou est allé à la rencontre de l’artiste pour vous les internautes. Voici présenter leur discussion.
Bonjour Claudio KUNAKEY, vous êtes un artiste plasticien. Dites-nous comment est-ce que vous êtes arrivé à ce métier ?
Bonjour Yves DOSSOU, Merci, j’ai démarré par une formation en soudure à l’arc et après j’ai suivi une formation avec Tchico GARTEY qui est un artiste plasticien chanteur musicien. C’est après sa rencontre que je me suis lancé dans l’art plastique, avec la récupération de bas relief et autres. Par la suite, il y a eu des formations complémentaires, des séminaires, des rencontres et c’est comme cela que je suis ancré dans l’art plastique.
Alors l’art plastique c’est quoi ? Parlez nous brièvement de cet art.
L’art plastique, c’est l’art qui réunit tout support si je peux m’exprimer ainsi. On peut appeler art plastique le sculpteur qui n’utilise pas seulement que du bois, mais qui à part le bois, essaie de joindre d’autres matières. Les peintres qui par exemple ne sont pas seulement dans le vrai, ni dans le figuratif mais qui ajoutent autre chose, des récupérateurs, des assembleurs font de l’art plastique je peux vous citer encore d’autres exemples. Et l’art plastique comprend autour de plus de soixante dix métiers principaux.
Vous concrètement qu’est-ce que vous faites ?
Au fait moi je suis polyvalent, je suis un artiste multi disciplinaire puisque je fais de la récupération métallique, je fais de la peinture, de l’assemblage, je fais de la sculpture du bois, je fais des bas reliefs, je fais des statues et je suis un peu partout dans l’art. Puisque l’art n’a pas de limites, au fur et à mesure que tu avances tu dois découvrir autre chose. Et là je ne suis pas encore à mes limites. J’ai encore à faire dans l’art plastique.
Qu’est ce que vous véhiculez comme message dans vos productions ?
Dans mes productions, j’essaie de véhiculer l’amour, la sérénité dans la vie. Sans l’amour nous ne serions pas là. C’est par amour que Dieu a crée ce monde et c’est l’amour qui fait grandir le monde. J’ai un terme particulier propre à moi qui dit : « Dieu a créé le monde, mais embellissons le par nos œuvres. ». Alors, pour embellir la chose, il faut l’embellir avec l’amour, l’embellir avec la gaieté l’embellir avec de la joie. J’essaie de transmettre ce message de joie, de paix et d’amour dans mes œuvres.
En dehors de cette thématique, est-ce que vous travaillez sur d’autres par exemple ?
Oui, naturellement, en ce qui concerne la récupération et l’assemblage je dis à travers cet art, que nous ne devons rien jeter, nous ne devons rien négliger. Au contraire, nous devons à base de ce qui est déjà usé, à base de ce qu’on croit perdu, redonner vie à ces choses. C’est ça ma philosophie. Voilà une autre thématique qui parle de l’environnement et c’est d’actualité.
Claudio est-ce que vous vous souvenez de votre tout premier tableau que vous avez peint ?
Les premières œuvres que j’ai réalisées c’est dans les années 90 j’étais tout novice dans l’art en ce temps là. Quand je compare ces œuvres par rapport à ce que je fais aujourd’hui, il y’a un grand décalage parce que ça a évolué à tel point que ceux qui me connaissaient à mes débuts se posent des questions : mais celui là il va où ? Ma première exposition c’était à la galerie « MARINA » avec Georges AGBADA. C’était une exposition de sculpture et c’était mes débuts dans l’art de la récupération.
Est-ce que vous arrivez à vivre de votre art ?
Je dirai oui et non. Parce que financièrement cela tombe au compte goutte donc il faut savoir gérer. Mais ailleurs on a une satisfaction morale quand on apprécie vos œuvres. Au fait par là j’ai espoir qu’un jour ça nourrira son homme comme tu le dis.
C’est depuis 1990 que vous vous êtes lancé en plein pied dans l’art alors aujourd’hui pouvez-vous nous présenter un bilan sommaire de votre parcours artistique ?
Je dirai que le bilan de mon parcours est glorieux et mitigé à la fois. Parce que je n’ai pas encore fait un grand déplacement pour exposer à l’extérieur en l’occurrence en Europe. C’est là où je dis que c’est mitigé. Là où c’est glorieux, c’est qu’à Lomé il n’y a pas un centre culturel digne de ce nom dans lequel mes œuvres ne sont pas exposées. Je dirai depuis le début de ma carrière jusqu’aujourd’hui, j’ai eu à intervenir en art plastique au niveau du lycée français avec les primaires, j’ai eu le prix de l’indépendance 2ème édition, j’ai participé à plusieurs rencontres nationales et internationales. À mon humble avis je dirai que c’est un bilan bien garni.
Pouvez-vous nous dire les difficultés auxquelles vous êtes souvent confrontés dans l’exercice de votre métier et qui dès fois donnent envie de tout abandonner ?
(Rires) Quand vous exposez et qu’il n’y a pas d’acheteur on est déçu. C’est récurrent dans notre métier.et ça vous ôtes toute envie d’aimer ce métier mais au fil des ans on s’y habitue. Le fait de ne pas vendre pendant l’exposition et après ça vous rend malade. Mais tu sais, maintenant on est aguerri en quelque sorte.
Vous pensez que c’est parce que les gens ne connaissent pas l’art que cela ne suscite pas d’engouement ?
Oui mon frère, ça je l’affirme parce que les gens arrivent à dire devant un tableau « ça là je vais le mettre où ? » Allez dans les salons d’une haute personnalité vous verrez qu’il n’y a pas d’œuvre d’art. Les murs sont dénudés c’est simplement parce qu’ils n’ont pas la culture de l’art. J’étais intervenant au lycée français de Lomé et au CE1 déjà on inculque aux enfants la notion de l’art plastique. Même à l’université il n’y a pas de faculté d’art plastique. Rares sont les pays en Afrique qui ont une école de beaux arts. J’estime que nos autorités doivent commencer à mettre en place un programme scolaire qui va permettre aux élèves du cours primaire et secondaire de s’initier à l’art plastique. Là je crois qu’ils auront le goût du beau. Je vous raconte une petite anecdote. J’ai rencontré un européen qui a laissé sa voiture pour une œuvre d’art vous imaginez un peu ça une œuvre d’art contre une voiture. Ce qui veut dire que cet homme connait la beauté. Ce qui est beau n’a pas de prix.
Alors un dernier mot ?
Je demanderai aux jeunes de surtout se concentrer sur tout ce qu’ils font car ça va payer tôt ou tard et aussi d’avoir du respect pour leurs ainés qui sont leurs devanciers dans le métier. Il faut qu’il y’est de la solidarité au sein des artistes plasticiens du Togo et cela y va dans nos intérêts.
Je vous remercie Claudio KUNAKEY.
Merci à vous Yves DOSSOU.