Claudio est-ce que vous vous souvenez de votre tout premier tableau que vous avez peint ?
Les premières œuvres que j’ai réalisées c’est dans les années 90 j’étais tout novice dans l’art en ce temps là. Quand je compare ces œuvres par rapport à ce que je fais aujourd’hui, il y’a un grand décalage parce que ça a évolué à tel point que ceux qui me connaissaient à mes débuts se posent des questions : mais celui là il va où ? Ma première exposition c’était à la galerie « MARINA » avec Georges AGBADA. C’était une exposition de sculpture et c’était mes débuts dans l’art de la récupération.
Est-ce que vous arrivez à vivre de votre art ?
Je dirai oui et non. Parce que financièrement cela tombe au compte goutte donc il faut savoir gérer. Mais ailleurs on a une satisfaction morale quand on apprécie vos œuvres. Au fait par là j’ai espoir qu’un jour ça nourrira son homme comme tu le dis.
C’est depuis 1990 que vous vous êtes lancé en plein pied dans l’art alors aujourd’hui pouvez-vous nous présenter un bilan sommaire de votre parcours artistique ?
Je dirai que le bilan de mon parcours est glorieux et mitigé à la fois. Parce que je n’ai pas encore fait un grand déplacement pour exposer à l’extérieur en l’occurrence en Europe. C’est là où je dis que c’est mitigé. Là où c’est glorieux, c’est qu’à Lomé il n’y a pas un centre culturel digne de ce nom dans lequel mes œuvres ne sont pas exposées. Je dirai depuis le début de ma carrière jusqu’aujourd’hui, j’ai eu à intervenir en art plastique au niveau du lycée français avec les primaires, j’ai eu le prix de l’indépendance 2ème édition, j’ai participé à plusieurs rencontres nationales et internationales. À mon humble avis je dirai que c’est un bilan bien garni.
Pouvez-vous nous dire les difficultés auxquelles vous êtes souvent confrontés dans l’exercice de votre métier et qui dès fois donnent envie de tout abandonner ?
(Rires) Quand vous exposez et qu’il n’y a pas d’acheteur on est déçu. C’est récurrent dans notre métier.et ça vous ôtes toute envie d’aimer ce métier mais au fil des ans on s’y habitue. Le fait de ne pas vendre pendant l’exposition et après ça vous rend malade. Mais tu sais, maintenant on est aguerri en quelque sorte.
Vous pensez que c’est parce que les gens ne connaissent pas l’art que cela ne suscite pas d’engouement ?
Oui mon frère, ça je l’affirme parce que les gens arrivent à dire devant un tableau « ça là je vais le mettre où ? » Allez dans les salons d’une haute personnalité vous verrez qu’il n’y a pas d’œuvre d’art. Les murs sont dénudés c’est simplement parce qu’ils n’ont pas la culture de l’art. J’étais intervenant au lycée français de Lomé et au CE1 déjà on inculque aux enfants la notion de l’art plastique. Même à l’université il n’y a pas de faculté d’art plastique. Rares sont les pays en Afrique qui ont une école de beaux arts. J’estime que nos autorités doivent commencer à mettre en place un programme scolaire qui va permettre aux élèves du cours primaire et secondaire de s’initier à l’art plastique. Là je crois qu’ils auront le goût du beau. Je vous raconte une petite anecdote. J’ai rencontré un européen qui a laissé sa voiture pour une œuvre d’art vous imaginez un peu ça une œuvre d’art contre une voiture. Ce qui veut dire que cet homme connait la beauté. Ce qui est beau n’a pas de prix.
Alors un dernier mot ?
Je demanderai aux jeunes de surtout se concentrer sur tout ce qu’ils font car ça va payer tôt ou tard et aussi d’avoir du respect pour leurs ainés qui sont leurs devanciers dans le métier. Il faut qu’il y’est de la solidarité au sein des artistes plasticiens du Togo et cela y va dans nos intérêts.
Je vous remercie Claudio KUNAKEY.
Merci à vous Yves DOSSOU.