Graffiti : Les jeunes de Lomé s’expriment sur les murs.

Folly Eli, de nationalité togolaise est né le 23 janvier 1980 à Lomé. Benjamin d’une famille de cinq enfants, Folly Eli est connu de son nom d’artiste « XPLICIT il est versé dans l’art de rue communément appelé le Graffiti depuis la classe de 6ème o pour la première fois il était en contact avec cet art exceptionnel par l’entremise d’un de ses amis de classe de nationalité ivoirienne.

Nous l’avons approché au Centre Culturel Français de Lomé (CCF) où il participe avec quelques artistes plasticiens en herbe de sa génération à un concours de caricature, et de dessin intitulé : « Mine de crayon ». Ce concours est à mettre sous l’actif du magazine bimensuel Sika’a en collaboration avec le CCF (Centre Culturel Français de Lomé) dont le thème principal porte sur la francophonie. Ledit concours a débuté le 15 Mars 2011 il se poursuit et va donc prendre fin le 31 mars 2011. Yves Dossou a échangé avec l’artiste sur son art pour le compte de Tootogo.org.

Xplicit Bonjour ?

Bonjour à toi Yves

Vous pratiquez un art qui est presque inconnu chez nous qui s’appelle « le graffiti » alors qu’est que vous appelez par l’art « graffiti » ?

Le graffiti c’est une expression libre, au fait c’est un art que je dirai « illicite », en tout cas inconnu de nombreux public jusqu’à ces derniers jours ou dans les pays occidentaux ils commencent à le considérer comme un art faisant parti des arts plastiques. Donc pour moi le graffiti c’est ma forme d’expression pour m’exprimer librement par rapport à mes problèmes intérieurs, par rapport également au problème de la société. Ce n’est pas un truc qui est à vendre, ça se fait sur des murs à des endroits publics, c’est un art libre en fait. Ce n’est pas un art de l’aristocratie c’est un art de la rue c’est un art qui vient de la rue.

Justement, d’aucuns pensent que le graffiti c’est un art qui n’a pas d’avenir et c’est pour les jeunes de la rue. Qu’est ce que vous en pensez ?

Faire le graffiti ce n’est pas synonyme d’un bandit ou d’un art bandit. C’est une forme d’expression assez brutale je dirai. Parce que les jeunes par rapport à ce qu’ils vivent ils ont envie, de sortir leurs énergies, de sortir leurs mécontentements à travers des dessins au lieu d’aller faire des conneries comme voler où bien commettre un acte qui soit répréhensible par la société. Le graffiti c’est un art qui est aussi déterminé par l’amour mais c’est l’amour qui est transcrit à notre façon. À la façon des gars de la rue.

On remarque souvent qu’en graffiti beaucoup de couleurs sont utilisées est-ce un choix délibéré ou cela véhicule t-il un message particulier ?

Non !!!, au fait il n’ya pas un choix spécifique, justement c’est pourquoi ça que je disais que c’est un art libre. Tu peux utiliser une seule couleur pour faire le graffiti tout comme tu peux utiliser dix milles(10.000) couleurs pour peindre ton graffiti. Donc voilà ! En fait ça dépend de ce que tu veux exprimer.

Dites-nous, comment êtes-vous arrivé au graffiti ?

Pour dire l’art en général c’est ma passion c’est un domaine qui m’a toujours attiré depuis que je suis petit. Enfant, je voyais la passion que mon père avait pour les objets d’arts. Il aimait beaucoup faire la collection des statuettes qu’il ramenait du village et parfois il invitait des sculpteurs à la maison pour lui réaliser des œuvres. C’est à partir de là que j’ai commencé à avoir un amour pour l’art. Depuis les bancs d’école je n’avais que cela en tête : dessiner, créer. Et avec le temps, j’ai découvert le graffiti et ça m’a attiré et aujourd’hui je peux dire que je suis un artiste qui fouine son nez dans peu de tout. J’ai fais de la peinture classique, j’ai des tableaux, j’ai de la sculpture aussi et maintenant je suis dans le graffiti. Moi, en fait, je n’ai pas de limite en matière d’art. C’est ça ma définition de l’art. Je peux vous dire avec modestie que je suis un « Artiste complet »en quelques sortes.

 Est-ce qu’on peut chercher à se perfectionner dans le graffiti ? Si oui comment ?

(Euh…) On peut se perfectionner dans le graffiti tout dépends de votre degré de passion pour la chose. Quand vous avez de la passion pour toute chose vous pouvez y arriver et si vous n’avez pas ça, franchement je ne pense pas que vous puissiez y arriver.

Vous dites que le graffiti n’est pas un art classique c’est un peu différent des autres arts. Alors comment arrive-t on à se perfectionner ?

On se perfectionne en s’entrainant avec les graffitistes en étant un street-boy. Le graffiti c’est un truc qui se fait dans la rue. Le milieu essentiel d’un graffitiste c’est la rue. Souvent il y’a des endroits que tu ne peux pas exercer ton art parce que en ville il y’a des murs qui sont interdit de toucher. Il faut que tu ailles demander l’autorisation à la mairie. Moi franchement la mairie euh ! Aller leur demandé une autorisation pour faire un graffiti ils vont d’abord te poser un tas de question du genre de : « qu’est ce que tu veux faire avec tout ça » moi je n’apprécie pas. Particulièrement moi quand je prends mes bombes je profite d’un coin la nuit je fais mon graffiti, je fais passé le message que j’ai envie de faire véhiculer je le fait vite. Et si la police arrive je fuis. Mais ce qui est certain mon message reste sur le mur. Donc c’est un truc à apprendre si tu veux l’apprendre tu traines avec les gars de la rue et tu prends les risques qui vont avec.

C’était ton expérience ou ton école de formation ?

Plus ou moins. Avec une différence prête. Moi ma chance, est que j’ai grandi avec un parent qui aime l’art et très tôt je me suis intéressé à la chose et ce qui m’a beaucoup aidé c’est que je suis très polyvalent en matière d’art. Je n’avais pas besoin forcement d’aller dans la rue pour me former en plus j’ai eu un ami qui s’y connait bien dans le domaine.

Est-ce qu’au Togo les jeunes s’intéressent au graffiti ?

Oui il y’a plein de jeunes qui commencent à manifester un amour pour la chose. Le graffiti ce n’est pas que tu viens d’un milieu noble pour dire que tu veux faire du graffiti. Le graffiti vraiment par rapport à ma définition il faut le ressentir il faut que tu aies des expériences street (rue) il faut avoir quelques expériences de la rue que tu aies trainé avec des gars. C’est par là que tu auras de petites notions sur le graffiti. Il faut connaitre les risques qu’il y’a dans la rue avant de pouvoir prétendre faire du graffiti.

Parlez-nous brièvement du tableau qui se trouve derrière vous et qu’est-ce que vous véhiculer comme message ?

Le tableau c’est une main qui tient le globe et le drapeau français qu’elle tient des deux côtés comme une banderole. Ça traduit la francophonie cela rentre dans le cadre du thème du concours que je participe ici au Centre Culturel Français de Lomé puis que c’est le CCF ils veulent que ce soit la francophonie. Moi j’ai essayé de produire quelques choses qui montre que la francophonie c’est un réseau de communication dans le monde entier qui est au finish un produit français. Pour moi c’est une interconnexion entre les pays à travers la France.

A quand remonte ton premier graffiti sur un mur ici à Lomé ?

Rires… cela remonte en 2005 avec un ami qui n’est plus ici il est maintenant en côte d’ivoire c’était au quartier Casablanca j’ai fait un portrait d’AYELE SELASIE (le négus Ethiopien).ça c’est effacé avec le temps. Mais j’ai refais un autre c’est celui de MARCUS GARVE c’est une grande image. Je vous invite à y faire un tour.

Pour terminer avez-vous quelques choses de particulier à dire aux jeunes qui veulent emboiter vos pas ?

Pour les jeunes qui veulent se lancer dans le graffiti comme moi je leur dirai simplement de s’armer de courage et d’avoir la foi en Dieu. Surtout de fuir les mauvaises compagnies. Personnellement, moi je ne pourrais pas travailler avec un jeune qui passe son temps à voler, à consommer de l’alcool et de la drogue.je ne digérerai pas cela. Quand tu veux être un artiste, il y’a des principes, des règles qu’il faut se donner. Être toujours positif dans la vie. Et là tout marche. C’est tout ce que je peux dire à l’endroit de mes jeunes frères qui ont un pressentiment pour l’art.

Je vous remercie.

C’est moi qui vous remercie Yves.

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