Vers la vérité des prix au Togo

Face aux caprices et à la dictature du secteur pétrolier international, l’ajustement des prix du pétrole à la pompe est devenu un phénomène de société. Le Togo vient en effet de changer de doctrine en y arrêtant les subventions afin de restituer son économie.

Depuis le samedi 19 Juin 2010, les produits pétroliers togolais ont connu une hausse d’environ 15% attribuant les raisons aux importantes dettes de l’État à l’égard des sociétés pétrolières. A la pompe, l’essence sans plomb passe de 505 F à 580Fcfa ; le Gasoil par contre, passe de 500F à 575Fcfa. Quand au pétrole lampant, il grimpe de 390F à 475Fcfa. Seul le gaz domestique, à 3500Fcfa, n’a connu de modification, dans le souci de « contribuer à la protection de l’environnement ».

Voilà autant d’incompréhension collective qui ont fait la Une des journaux togolais au lendemain de cette décision jugée « catastrophique » au sein de la population en cri de détresse depuis quelques jours : « rien ne marche encore et on augmente les prix, c’est grave ! » ; « quand on passe sur les rues, il y a des barricades. C’est que tout le monde est déçu. On s’attendait pas à cette augmentation de prix » ; « le trajet Lomé-Sokodé était à 4600Fcfa et les passagers n’arrivaient pas à payer. Maintenant s’il faut augmenter, on ira à 4900Fcfa pour compenser la hausse du carburant mais comment les gens pourront cette fois s’y payer ? » ; « j’avais beaucoup de client mais depuis samedi personne ne vient, parce que nos prix sur le marché ont augmenté » ont laissé entendre plusieurs togolais interrogés. Alors, déficit de communication ou insouciance des peines du togolais « lambda », en tout cas, le Ministre en charge du Commerce et du secteur privé, Kokou Gozon, s’est mieux expliqué ce mercredi 23 Juin dans une interview serrée accordée à la Télévision Togolaise au cours de son Journal de 20h00.

Pour lui, il y a eu début de dialogue avec les syndicats de la place avant la publication de la décision. Toutefois, a-t-il expliqué, le Togo a frôlé une coupure de ravitaillement en hydrocarbure raffinée en 2004, eu égard à la dette accumulée. De plus, poursuit-il, depuis plusieurs mois, le pays n’a connu d’ajustement de prix malgré les fluctuations régulières du prix du baril de pétrole. De Janvier à Mars 2010, les subventions de l’État sont évaluées à 4milliars de Fcfa et estime que cette somme pouvait servir à couvrir certains chantiers. Tout en relevant le bien fondé de cette décision et les mesures d’accompagnement prises, même si ces dernières sont peu convaincantes pour plus d’un, le ministre a affirmé qu’il s’agit d’une nouvelle doctrine, celle de la vérité des prix, qui est mise en marche et que dans environ 3 mois, les togolais pourront jouir des retombées de cette décisions.

De toute manière, en attendant ces promesses qui pour l’heure, demeurent dans le monde des idées, le togolais moyen vivant en dessous du seuil de pauvreté, devra dépenser plus que son revenu et son faible pouvoir d’achat afin de survivre. Les prix des transports urbains et intra urbains ont du coup flambé et les prix des produits alimentaires gonflés. Le sac de riz passe en effet de 14 000F à 24 000Fcfa, le sac de sucre en poudre quitte de 14 000F à 24 500Fcfa. Quand au prix du carton de pâtes alimentaires, il a augmenté de 4000 à 7000Fcfa.

La transition vers la vérité des prix au Togo est donc une pilule amère à avaler, bien qu’au cours de ces 4 derniers mois, l’on a assisté à une baisse du coût du baril de pétrole. Si la situation arrivait néanmoins à se décanter, l’on pourrait s’attendre à une population qui exigerait les gages d’une gestion transparente des prix et d’une redistribution équitable des bénéfices. Pour l’heure des débats se mènent de tous les côtés.

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