Les conditions climatiques, la boue, les sols ensoleillés auxquels s’ajoutent la cherté de la vie, sont autant de sévérité qui caractérisent l’Afrique subsaharienne. Toutes ces contraintes ont amené la cordonnerie togolaise à passer de la simple réparation des chaussures importées, à la confection de nouvelles connues sous le nom de « Mitchimi » c’est-à-dire « éviter les déchets’’ ou « chaussure Caterpiller » dans certaines localités.
En cette période où la pluviométrie n’offre véritablement pas de beaux jours à Lomé, le « Michimi » est plus visible aux pieds des Zémidjans, étudiants mais aussi de certaines filles qui en font chaussures de mode lors des retrouvailles. A l’intérieur du pays par contre, cette créativité artisanale profite aux paysans et aux élèves. Dans chaque cas, tout dépend des fins qu’on veut en faire, mais de toute façon, elles sont de modèles différents et s’utilisent le plus souvent pour la particularité de la semelle.
Pour M. Hervé L., un utilisateur à Lomé « Mitchimi est de différentes sortes et de différentes qualités. Ces chaussures sont d’une durabilité importante et moins chères. Les prix sont adaptés à la bourse du togolais moyen ». Fabriqué à l’aide des pneus de voiture, des clous et de chambre à air pour enjoliver certaines paires, le productif peut être baptisé volontiers « chaussure d’Afrique ».
On la retrouve en sandale, pantoufle etc à des tarifs variant entre 800 Fcfa et 1500 Fcfa. A en croire Yayo-Teh, un fabriquant rencontré à Kpalimé, localité située à 116 km à l’ouest de Lomé : « Au paravent, les pneus usés étaient brulés et cela polluait l’atmosphère. Aujourd’hui, nous récupérons ces pneus pour la fabrication des chaussures pour la commercialisation ». Bien que cette création engendre le plus souvent des blessures au cours de la conception, l’activité nourrit néanmoins son homme et contribue au phénomène de recyclage tant prôné par les environnementalistes.
Toutefois, dans les zones à forte concentration humaine, ce type de chaussure est soumis à l’influence des civilisations occidentales, ralentissant du coup, sa vulgarisation rapide même si la plupart des jeunes s’en procurent pour du « life ». En tout cas, depuis plusieurs années, le « Mitchimi » fait la fierté des agriculteurs togolais. Ces derniers constituent en effet, un marché non négligeable pour l’industrie de ces chaussures à grande protection.