Le ballon d’or africain a-t-il encore un sens ?

Au-delà du sacre contestable de l’ivoirien Didier Drogba, la cérémonie de la remise de ballon d’or au meilleur joueur africain traine encore un malaise : Issa Hayatou.

Par Klod Erwann

Colère, injures, mécontentement…ont clos la soirée de gala organisée par la compagnie Glo et la CAF à l’occasion de la 18è édition de cette cérémonie de récompense qui couronne le meilleur joueur africain de l’année. Et pour plusieurs observateurs du football africain présents à Accra, s’en était une déception de plus.

« Quelque soient les milliards que Glo va mettre dans cette évènement, si M. Hayatou ne quitte pas la tête de la CAF, l’image de son institution et celle de cette cérémonie seront désormais entachée », a confié un observateur du footballeur sous couvert de l’anonymat. Ce dernier explique le boycott (ou non) de cet évènement par les nominés que sont Didier Drogba, Michael Essien et Eto’o par le comportement « pas du tout catholique » qu’affiche le Président de cette institution depuis un temps.

La descente aux enfers a commencé pour cet évènement à partir de 2007, l’année où le ballon d’or est « injustement » attribué à Frédéric KANOUTE (Mali), au grand dam de Didier Drogba qui méritait largement ce trophée, d’après l’avis de plusieurs analystes. A ce moment, business et copinage ont pris le pas sur le talent des joueurs. Ce qui hypothèque de facto l’essence même de cette cérémonie qui a perdu de sa crédibilité auprès du monde du football, car la question qui revient depuis quelque temps est de savoir les critères qui militent finalement pour le choix du ballon d’or.

« Il faut faire partir du cercle d’Hayatou pour le savoir », pense Stephan Mensah, supporter des Black Stars du Ghana. Une version que refuse de confirmer le staff technique de la CAF qui dit faire « un sérieux travail » depuis le lancement en 1992 de cet évènement qui a vu sacre pour la première fois d’Abedi Pelé du Ghana.

La CAF cafouille

Beaucoup d’observateurs africains étaient surpris que ce prix soit attribué à l’ivoirien, Didier Drogba, quand tout le monde voyait Samuel Eto’o. D’ailleurs, ses confrères Drogba et Essien n’ont-ils pas voté pour lui ? Et comme avec la société « Hayatou et compagnie », « il faut s’attendre à tout, cela ne m’a pas surpris », a-lancé un supporter camerounais, visiblement déçu par le résultat du verdict. Ce que l’on explique par « le rachat de la CAF ».

En effet, les organisateurs ont refusé une consécration en 2008 au capitaine des Éléphants, qui avait refusé de se rendre à Lomé en pleine Can pour chercher son trophée. Cet épisode est mal vécu par l’Ivoirien qui avait déclaré lors d’une conférence de presse à Takoradi (Ghana) ne plus postuler à un quelque challenge de la CAF. Une injustice que les dirigeants du football africain ont pensé réparer une fois l’émotion du jour passée et après qu’il ait fait la paix avec les dirigeants de la CAF.

« En voulant régler cette iniquité, la commis une autre », murmurait l’une des convives à ce gala à son ami de table.

On comprend pourquoi la CAF a fait des pieds et des mains pour que l’Ivoirien fasse le déplacement d’Accra malgré le refus du club londonien, Chelsea, qui n’a pas cédé jusqu’à la dernière heure.

Avec un titre de champion d’Europe, il est pourtant vrai que le Capitaine des « Lions indomptables » le Camerounais Samuel Eto’o n’ait pas réalisé une grande saison, mais aucun des deux autres prétendants n’a fait mieux que lui en Angola.

Cabinda, le grand malaise

Jeudi 11 Mars 2010 sur toutes les chaines de radio ghanéennes, la sanction infligée par la CAF à l’équipe nationale togolaise, suite à l’attaque de leur bus par les rebelles du Flec a fait l’actualité. Et plusieurs voix se sont levées pour demander l’annulation pure et simple de cette sanction. Le premier Vice-président ghanéen John Dramani Mahama a également au nom de son pays souhaité que les « Éperviers du Togo » retrouvent très vite le chemin de la plus grande des compétitions du football africain, c’est-à-dire la Can.

« Il faut savoir laisser les choses, avant que les choses ne te laissent », conseille un ancien joueur nigérian à l’endroit du tout-puissant Hayatou. Reste à savoir s’il fera preuve d’intelligence et d’humanisme, qui lui ont manqué jusqu’alors.

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