Agbanté ou le job de gros efforts

« Agbanté » est le nom donné aux portefaix du Togo, indispensables à l’acheminement des bagages dans les centres commerciaux tels le grand marché d’Adawlato à Lomé (Togo).

En ces périodes où le boulot n’est pas évident pour les diplômés, ces moins scolarisés reçoivent pour la plupart, les coups les plus durs. Outre les conditions de travail misérables, les portefaix ou « Agbanté » font une particularité quant à leur vie battante menée malgré tout, dans une atmosphère de mépris et d’humiliation.

Et pourtant, c’est un secteur d’activité informel qui nourrit son homme, lui assure une indépendance financière et pour les expérimentés, celle de la famille tout entière.

En effet, dès 7 h chaque jour de marché, les « Agbanté » sont déjà positionnés dans les marchés rodant les artères comme s’ils avaient reçu un ordre commun. Ils sont plutôt dans l’exercice de leur métier qui consiste, dès l’arrivée de leurs clients quelques heures plus tard, à se déployer pour installer les marchandises et acheminer d’autres qui sont achetées. Pendant ce temps, ces chargeurs de pointe négocient chez les nouveaux clients, une fidélisation et une pérennisation de cette confiance naissance. L’une des cibles est les « Nana Benz » à Lomé et les grands commerçants étrangers, à l’intérieur du pays.

Cela rapporte évidemment des sous aux portefaix. Pour certains d’entre eux, l’idée est de se faire de l’argent afin de se lancer tôt ou tard, dans la commercialisation des cosmétiques, des céréales ou de la friperie etc. Un peu comme pour se dérober des coups durs infligés par les risques du métier. Yolande A. Kossiwa explique : « Dans ce travail, il faut la force et le courage. Parfois les bagages se perdent ou s’endommagent involontairement mais c’est à nous de rembourser. Moi je suis obligé d’y rester pour pouvoir nourrir mes enfants après le décès de leur père. Si non plusieurs de mes amies abandonnent ». Pour Mathias K. Yovo : « Souvent on assiste à du mépris de la part de nos employeurs et même si en transportant on a une déformation corporelle, il n’y a personne qui t’aidera à payer ces charges ».

A la question de connaitre leur condition de logement, ce dernier a laissé entendre que la nuit tombée, la plupart des Agbantés vivent en colocation dans des bidonvilles, sous les tables de vente des marchandises ou dans les vieilles habitations abandonnées aux alentours des marchés, moyennant quelques pièces aux propriétaires de ces locaux vétustes.

Au Togo hélas, l’administration municipale a de la peine à contenir véritablement ce secteur d’activité pour le nombre sans cesse croissant de jeunes « Agbanté ». En 1994, ce personnel transporteur se faisait reconnaître par la couleur violette de sa blouse immatriculée. En 2005, la couleur verte et la bleue aujourd’hui.

Paradoxe, cette approche n’est pas respectée par tous et des attitudes de certains portefaix suscitent la crainte chez plusieurs commerçants. Ces derniers font le plus souvent état, des portefaix qui s’enfuient avec les colis qu’on leur confit. Le port de blouse devra cependant être un minimum exigé afin d’éviter les éventuels conflits entre portefaix et client. La vigilance est donc de mise dans les centres commerciaux au Togo, car ne confit ses bagages à quiconque au risque de se créer des soucis.

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