Alognon Degbevi : « le philosophe » est mort

Robert Alognon Degbevi, l’un des vétérans de la musique togolaise s’en est allé le mercredi 17 Février 2010 à l’âge de 60 ans, des suites d’une longue maladie à l’hôpital d’Afagnan (environ 80 km de Lomé) où il était hospitalisé.

« Alognon Degbevi est un doyen qui m’inspire beaucoup. Sous le ciel togolais, il est unique et m’inspire beaucoup. Vous comprenez que c’est une grande perte », a affirmé King Mensah, la voix remplie d’amertume.

Surnommé « le philosophe » ou encore le « débrouillard talentueux » de la musique togolaise, Alognon Degbevi avait conquit ses mélomanes de part ses textes, assez profonds, posés sur sa guitare sèche.

Jusqu’au jour de sa mort, l’artiste n’a véritablement pas connu de gloire à travers son art. Il a souvent auto-produit ses œuvres, et vendu ses albums dans les rues. Dans son aventure musicale, le rocker africain Jimi Hope accepta de le produire. De cette collaboration sorti l’album « les mains vides » qui le fait découvrir à la jeune génération.

« J’ai quelques rares fois vu un de ses clips passer à la télé, mais il n’a jamais organisé de concert pour qu’il se fasse véritablement découvrir par la jeunesse. Mais il faut dire que ses chansons touchent beaucoup », reconnait Nadège Daly, fonctionnaire âgée de la trentaine.

Alognon Degbevi n’a jamais chanté la joie. Ses chansons sont souvent truffés de mélancolie, de sagesse, de tristesse, de difficultés quotidiennes…On se souviendra longtemps de ses morceaux « fu wa mé » (la souffrance de l’homme), « Hohayato mu bina djio » (le locataire ne se fâche pas), « Dzogbévoeto » (le malheureux)…

« Alognon Degbevi est un grand ami. Avec lui, on est obligé d’être sage. Je me souviens de mes moments forts sur Radio Lomé à l’heure du concert radiophonique où, justement ses chansons nous accompagnaient… Sa mort est une perte incommensurable pour la musique togolaise », a affirmé Azé Kokovivina, grand comédien togolais.

« Les mains vides je suis né; les mains vides je m’en irai », chantait le philosophe. Certes, il est repart les mains vides, cependant, « ses mélodies resteront gravées dans nos cœurs et dans nos mémoires, et souhaitons que « le soleil brille dans son tombeau » comme il se le demande dans l’une de ses chansons », espère sincèrement King Mensah.

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