Il y a 20 ans, Mandela sortait de prison

Aujourd’hui, l’Afrique du Sud fête le 20e anniversaire de sa sortie de prison. À Soweto, près de Johannesburg, le premier président post-apartheid est plus vénéré que jamais.

Habillées de robes écarlates, brodées de perles, les femmes hululent en accueillant les jeunes mariés. Parmi les convives vêtus de parures africaines, il y a plusieurs Blancs, amis ou collègues. Il y a vingt ans, une telle scène aurait été impensable.« Mandela a rendu cette réconciliation possible. Il nous a tous surpris en tendant la main à l’oppresseur dès sa sortie de prison, raconte Mandla Maseko, oncle de la mariée et ex-militant anti-apartheid.Il nous a montré que l’avenir du pays était plus important que l’esprit de revanche. Grâce à lui, l’hostilité entre les groupes raciaux s’est dissipée, même s’il y a encore du chemin à faire pour atteindre une vraie réconciliation ».

Parmi les convives, Keith Desmond, un homme d’affaires blanc de 54 ans, se rappelle du 11 février 1990 :« Tous les Sud-Africains étaient scotchés devant leur téléviseur et nous étions enthousiastes. Sans Mandela, il y aurait eu un bain de sang. Je pense que la grande majorité des Blancs ont embrassé le changement et je crois en l’avenir de ce pays ».

Plus adulé que jamais, « Tata Madiba » (le grand-père) fait presque figure de saint aux yeux des Sud-Africains. Même pour les jeunes, qui n’ont pas connu l’apartheid, il reste une source d’inspiration, comme l’explique Karabo Mpheta, 21 ans :« Il nous a montré que, quelles que soient les difficultés, tout le monde peut réaliser son rêve ! ».

Percival Chiloane espère, lui, que Mandela vivra pour l’éternité.« C’est notre messie et quand il disparaîtra, l’ANC perdra les élections, prédit cet homme qui avait 17 ans lors de la libération de Mandela. En 1990, on pensait qu’on allait avoir des maisons, des emplois, que les enfants auraient une éducation gratuite. Mais on est loin du compte ! ». Effectivement, même si une nouvelle bourgeoise noire est apparue, le chômage et les inégalités sociales ont augmenté. Sida et corruption sont devenue des fléaux. Il reste à l’Afrique du Sud post-apartheid un long chemin à parcourir.

Extrait de Ouest France

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