Togo Hip-hop Awards 2009 : Bagarre autour des statuettes

Le public togolais a réclamé à coup de projectiles l’attribution du meilleur album à Risher Khéte’T, à la 6è édition des Togo Hip Hop Awards (THHA), une cérémonie de remise de trophée aux meilleurs acteurs de le la musique hip-hop made in Togo qui s’est achevée en queue de poisson.

L’album  » Parmi les meilleurs » mérite largement ce trophée, selon le public.

Tout avait pourtant bien commencé. Le jury a décerné jusque là 4 trophées sur les 9 prévues au cours de cette soirée. L’annonce du nom Ali-Jezz comme lauréat du trophée « meilleur album de l’année », a été la goutte d’eau qui a débordé le vase.

L’artiste n’a même pas eu le temps de monter le podium quand subitement des projectiles ont commencé par fuser de partout dans la salle, en direction de la scène. Senza et Menli du groupe The Seeds qui ont annoncé « la mauvaise nouvelle » ont vite fait de fuir le podium de même que l’artiste contesté qui a très vite fui les lieux. Tous ont déserté la scène, fuyant les bouteilles d’eau, des cannettes, et des bouteilles dont le contenu n’est autre que de l’urine.

La raison est toute simple : le public estime que le trophée de cette catégorie devrait revenir à Risher Khéte’T, un autre jeune artiste très plébiscité depuis quelques temps par les fans.

« Ils ont triché Risher. Nous ne pouvons pas comprendre comment Ali-Jezz peut gagner ce prix. Vous-même vous voyez que c’est toute la salle qui est en train de contester ce prix que le jury veut décerner à Ali », vocifère un fan du rappeur « triché ».

« Ali Jezz ne chante rien de moral. Comparé à l’album de Risher plein d’enseignements, et calqué sur nos vécus quotidiens », pense Lucie Almeida, spectatrice.

Quand à Risher retranché dans les coulisses, il a refusé toute négociation, estimant aussi que ce prix devrait lui revenir de droit.

« Vous les entendez hurlez mon nom et chanter mes chansons ? C’est la preuve que je mérite largement ce prix », estime Risher Khéte’T, très remonté.

« Nous voulons voir le prix attribué à Risher, avant de quitter cette salle », exigent les jeunes « rebelles ». Malgré les remous du public surexcité, le jury n’est pas revenu sur sa décision et le prix contesté n’a non plus été remis à Ali-Jezz.

Des tractations se sont poursuivies afin que le rappeur puisque prendre le micro et calmer ses fans très sulfureux, agités, voire agressifs. Le temps passait. Trente minutes…une heure et plus. L’ambiance au Palais des congrès n’était du tout pas apaisée.

Et quand finalement « la star de la soirée », convaincue par ses pairs et amis d’aller calmer la tension de la salle, coup de théâtre. Le Président du comité d’organisation de la cérémonie refuse que l’artiste ne touche son micro. Ce dernier reproche à Risher Khete’T d’avoir laissé la situation pourrir afin d’être finalement résolu à pacifier ses fans.

Entre temps, les forces de sécurité ont aussi intervenu pour calmer le public, mais en vain. La tension était permanente jusqu’à 1heure 30 minutes où le public a décidé de vider les lieux.

Un jury partial ?

Plusieurs observateurs du mouvement hip-hop togolais se sont étonnés de la composition du jury. Ils ne comprennent pas pourquoi, Steven AF, Président du jury, réalisateur de presque la totalité des clips d’Ali-Jezz, et bien sûr le réalisateur du clip « Ajan » du rappeur de plus en plus contesté. Nul ne doute pas non plus de l’affinité entre Ali-Jezz et Lovejoyce, membre du jury, presque Manager du métis de Bè.

« Je ne veux pas savoir les critères sur lesquels le jury se base pour décerner ces prix, mais tout n’est pas clair pour nous, d’où ces remue-ménages », explique B. Junior, promoteur, qui se dit déçu par l’échec de cette édition.

Des trophées de complaisance ?

Le seul trophée ayant fait l’unanimité est bien celui du « meilleur artiste r’n’b » qui est allé à Omar B., jeune artiste et ingénieur du son qui a de la côte depuis un temps.

Dans la catégorie «meilleur clip vidéo», Ali Jezz est passé devant ses adversaires Poundy Cissé, Ghetto Mik, Master Popa, Ty G, Freekers et Kanoman.

« Croyez- vous que si ce n’était pas son réalisateur qui est en même temps le Président du jury, il allait gagner dans cette catégorie ? « , disait un spectateur, visiblement anti-Ali.

Quand bien même « Y a encore de l’Espoir » le titre en compétition du groupe Les 100 papiers n’a rien de reggae ou dancehall, ils ont décroché le prix dans la catégorie « meilleur tube reggae dance-soul », analyse un agent d’artiste. Et d’ajouter : « Je sais qu’ils veulent sauvegarder leur image. Je reconnais la qualité de ce groupe, mais ce trophée ne leur colle pas ».

Pour d’autres analystes « les organisateurs de cette cérémonie doivent faire attention. Décerner des Awards ne veut pas dire, tout faire pour conserver le statut des leaders ou des favoris », estime Dieudonné Kévin, animateur télé.

D’autres récompenses prévues, notamment dans les catégories Révélation, Break Dance, Tube de l’Année et les prix spéciaux n’ont pu être attribués. Les promoteurs l’ont finalement fait 48 heures après, en direct des studios de la radio organisatrice de l’évènement. Ainsi, Masta Popa s’est adjugé du titre de Tube de l’Année. Lauress, la révélation de l’année, et No Limit se contente du meilleur groupe Break Dance 2009.

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