Comment voyez-vous la place de la diaspora africaine au Luxembourg ?
La diaspora africaine doit être celle qui doit montrer l’exemple, aider à casser les préjugés. Heureusement, au Luxembourg, contrairement à d’autres pays européens, les frictions entre les minorités africaines et la population locale sont moindres (attention, je n’ai pas dit inexistante). Mon sentiment général est que les gens sont parfois ignorants, mais toujours curieux. A nous de leur apprendre nos cultures. Le temps n’est plus à la timidité ou à l’assimilation, mais à l’intégration dans la fierté de sa culture d’origine.
Pensez-vous que des actions qui ne sont pas directement menées sur le continent africain puissent lui servir ?
Toute action en faveur de la promotion de l’Afrique, à condition qu’elle soit sérieusement pensée et organisée, ne peut être que positive selon moi. L’idéal étant de mener des actions exogènes (à destination de personnes extérieures à un milieu) même si les actions endogènes (uniquement au sein d’un milieu, d’une communauté) ne sont pas nécessairement à critiquer car elles permettent un travail de mémoire, la persévérance de tradition, des retrouvailles tout simplement, qui sont naturelles et généralisées chez tout groupe d’individus de même culture qui se retrouve hors de chez soi.
Pensez-vous que l’Afrique pourra bénéficier du phénomène de la mondialisation pour voir son / ses économie(s) émerger ?
Pas sûr. Il faut faire très attention à ce que la mondialisation ne noie pas encore un peu plus les cultures africaines. La mondialisation ne peut être positive que si elle est choisie et non pas imposée à l’Afrique et si l’Afrique arrive à faire le tri entre ce qui est bon pour elle et ce dont elle ne veut pas.
Comment voyez-vous la synergie entre le développement économique et la sensibilisation culturelle ?
Nous en avons déjà parlé plus haut. Je pense que les deux vont de pair. Toutefois, je pense que l’âme d’un homme réside d’abord dans sa richesse culturelle avant de voir la richesse matérielle. Maintenant, cette question soulève un vaste débat, dont je ne suis pas sûre de détenir toutes les armes pour pouvoir l’engager sereinement. Rires ! Je pense surtout que malheureusement, quand on vit avec moins d’un repas par jour, on ne pense pas toujours à ce que représente le poids de la culture dans son épanouissement personnel.
Que peut-on vous souhaiter pour la suite ?
Beaucoup de courage, car notre activité associative est couplée avec nos occupations professionnelles et personnelles respectives et il n’est pas toujours facile de ménager les différents centres d’intérêt. Et surtout une audience plus grande à la fois au sein de la communauté africaine et de la population locale car nous ne nous sommes lancés dans cette aventure associative que pour que le plus grand nombre puisse venir écouter ce que des écrivains africains ont à dire, lire leurs écrits, assister à une exposition de peinture, à un concert, à une soirée humoristique …et méditer sur ce que l’on a appris et en parler autour de soi. C’est comme cela que se répand la culture.