Séraphin Têvi Lawson : La légende du Basket-ball togolais

Avec lui, le basket togolais a connu les meilleurs moments de son histoire dans les années 70-80 sur le continent africain. C’est sous la conduite de « Trainer » que l’équipe nationale togolaise masculine remporte la Coupe Yacoubou Gowone en 1972 à Lagos au Nigéria devant des nations telles le Tchad, le Bénin et le Nigeria pays organisateur.

Toujours sous sa coupole, la même équipe nationale occupera la quatrième place à une Coupe d’Afrique des Nations de basketball. Ce fut en 1974 à Bangui en Centrafrique avec à la clé le prix de meilleur marqueur pour son poulain Pascal Amouzou. Rassembleur et grand travailleur, il montera sur la troisième marche du podium avec l’équipe nationale féminine du Togo à la Coupe d’Afrique des Nations qui s’est disputée à Dakar au Sénégal en 1977. Inédit. Le Togo est médaillé de bronze et juste classé derrière de grandes nations du basket africain féminin telles que l’Égypte et le Sénégal.

Entraîneur de l’équipe masculine et féminine du Togo dès les années 64, l’emblématique Séraphin Têvi Lawson que tout le monde appelle affectueusement « Trainer » de par sa compétence, explique ces moments de gloire du basket togolais : « Lorsque nous étions compétitifs, l’État appuyait financièrement et on avait les résultats ».

De la même génération que Horatio Fréitas d’Entente Scolaire, Emmanuel Missohoun d’Unisport, Godwin Anthony de Jeanne d’Arc, Puis Pédanou de la Modèle, il a fait ses débuts en basket-ball en 1959 grâce à Emmanuel Gnassounou à qui il rend un vibrant hommage, car, « il a fait de moi ce que je suis aujourd’hui » déclare-t-il. Durant toute sa carrière de joueur qui a duré 13 ans, Traîner n’a évolué que sous les couleurs blanc et bleu de l’Etoile Filante de Lomé. Avec ce club il a remporté plusieurs titres de champions du Togo et des coupes de l’Indépendance.

Meneur très lucide et doué dans la lecture du jeu, il prendra vite goût au coaching. C’est ainsi qu’il a évolué au sein de sa formation comme entraîneur joueur. Un talent auquel ne reste pas insensible les dirigeants d’alors qui l’appellent au chevet des deux sélections nationales. Homme disponible et ouvert, il a accepté volontiers livrer quelques une de ces recettes qui lui ont permis d’écrire les meilleures pages de l’histoire du basket togolais : « J’ai eu la chance à cette époque de bénéficier de différents stages en Europe, aux USA, en Asie et ailleurs sur le continent. Et c’est grâce au mélange de tous ces acquis que j’ai pu bâtir une tactique qui correspond à la réalité de notre basket ».

Nanti d’un diplôme d’entraîneur de 3e degré de l’Association des Fédérations Africaines de Basket Ball Amateur aujourd’hui FIBA-Afrique et celui de haut niveau des USA, Traîner a commencé sa vie professionnelle dans l’enseignement avant d’être embauché au Chemin de Fer du Togo (CFT). Il sera affecté plus tard au ministère des sports où il prendra sa retraite en 1995. Il tirera sa révérence des parquets en 1997 lorsque Amical 70, une formation des vieilles gloires organisera un jubilé en son honneur en Février de la même année. Une grande fête pour remercier « La Légende » pour tout ce qu’il a fait pour le basket national. Même les joueuses qui ont passé sous sa direction des années 80 à 90 en sélection se sont retrouvées pour lui témoigner toute leur gratitude. De cette retrouvaille des anciennes joueuses est venue l’ingénieuse idée de créer l’Amicale des Anciennes Basketteuses du Togo (AABATO) qui reçoit à chacune de ses séances d’entraînement, la touche technique de l’infatigable Trainer.

Des joueurs célèbres sont passés sous sa houlette. Traîner se souvient aisément du très talentueux Cosmas Kpokpoya dit Appolo qui a poursuivi une carrière professionnelle dans la Pro Ligue française avec Rennes et du meilleur marqueur des années 74, Pascal Amouzou. Il a aussi énormément contribué à la promotion de cette discipline en prenant soin de former gratuitement depuis 1972 des jeunes imbus de volontés sur le parquet du stade municipal de Lomé. Suite aux travaux de réfection du parquet depuis quelques mois déjà, ils sont plus d’une centaine de jeune tout sexe confondu et de différentes catégories à venir s’initier au BA BA du basket-ball au Centre de Formation Traîner (CFT) sis sur le terrain d’Agbahonou dans le quartier commercial. De ce centre, sont sortis les frères Ajavon, Assaad, Tonton et autres qui font la fierté du basket-ball actuel même s’il déplore la régression du niveau de la discipline.

Observateur avisé de la scène sportive, Traîner est un nostalgique du passé et avoue comparer ce qui est comparable : « dans les années 70-80 le Togo était classé parmi le top 10 en Afrique, mais actuellement nous ne sommes plus crédibles malgré les efforts des uns et la motivation des autres, Même sur le plan régional nous sommes au creux de la vague. Au cours des compétitions lorsque nos clubs jouent, on sent qu’il n’y a plus rien, qu’on ne peut pas parler de résultats. C’est de l’improvisation ». Les raisons de cette chute vertigineuse ne sont pas à chercher loin : « Dans les années 70-80, la subvention de l’Etat arrivait à la fédération et aux présidents de clubs, on avait les moyens et le résultat suivait mais aujourd’hui le basket est laissé à lui-même. Tant que la main de l’Etat n’y ait pas, on ne peut pas espérer grand’ chose ». De vifs témoignages qui doivent interpeller les autorités à soutenir le sport togolais.

Séraphin Têvi Lawson alias « Traîner » qui fêtera ses 70 ans le 12 Octobre 2009 est connu pour sa discipline, sa rigueur et son sens de travail. D’ores et déjà toute l’équipe d’espace jeunes de Lomé vous souhaite joyeux anniversaire Pépé.

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