Chaque année, au mois de juillet, les jeunes hommes de plusieurs villages se réunissent sur des places publiques pour éprouver leur force et comparer leurs techniques. Ces luttes sont un rite initiatique du jeune Kabyè qui se prépare à devenir responsable.
N’est pas homme, le jeune Kabyè de 18 à 20 ans qui ne s’est jamais illustré dans les arènes de luttes « Evala ». Ainsi, pour la communauté Kabyè, ces luttes sont l’occasion de découvrir les jeunes valides sur lesquels chaque concession, village ou canton peut compter si le besoin se fait sentir.
Ainsi, la ville de Kara, située à 450 km au nord du Togo, s’apprête à vivre l’édition 2009 des Evala, du 11 au 19 juillet dans la préfecture de la Kozah.
Poursuivre un gibier à la chasse, protéger contre l’invasion de toute sorte…sont autant de preuves de bravoure dont le jeune « Evalo » (lutteur en langue kabyè) devra faire face une fois ce rite accompli.
Ces rites initiatiques constituent non seulement le passage de l’adolescence à l’âge adulte, mais aussi l’incarnation de l’identité culturelle Kabyè.
En pays Kabyè (ethnie du nord du Togo), les « évala », ou fête annuelle des « muscles », constituent l’une des plus grandes manifestations initiatiques.
« Ce n’est pas une guerre, mais plutôt un combat psychologique. A travers ces manifestations, les jeunes de la région se découvrent, mesurent leur âge et leur capacité physique. C’est leur civilisation. Autrefois, ces parties de lutte permettaient au peuple kabyè, en proie à des guerres claniques, de détecter les jeunes capables de défendre leur village », explique Blanzoua Kao, chercheur à l’Université du Bénin au Togo.
« Mais plusieurs étapes doivent être franchies par ces jeunes appelés à lutter. D’abord, on ne devient un « évalo » qu’à l’âge de 18 ans, après avoir respecté les prescriptions issues des différentes cérémonies rituelles », poursuit Blanzoua Kao.
La période des Evala est le moment rêvé pour les hôtels, transports et autre commerce de faire le plein. Pour l’hébergement, il faut réserver des semaines, voire des mois à l’avance pour cette saison festive d’une semaine.
Pendant tout le règne du feu Président Eyadema, le coté culturel des « Evala » a cédé sa place à une campagne politique hors pair.