Un génie du Djembé nommé Master Drummer

Sylvester Yawo AGBEDOGLO se confond au Djembé. Un instrument qui fait de lui un Master Drummer. Littéralement traduit maître percussionniste, Sylvester le virtuose togolais du Djembé porte bien son nom d’artiste. A preuve, son titre de pédago au Danemark depuis 12 ans qu’il encadre de jeunes apprenants en musiques africaines.

Né un 31 décembre de 1968 au Togo où il a grandi, ce togolais originaire de la partie Sud du pays, au regard large et au physique fort athlétique est un grand amoureux de patchwork de rythmes africains traditionnels et modernes dont l’inspiration remonte aux années 80 ; les années 80 à Avépozo coïncidant avec le grand prestige de l’Hôtel Tropicana où il passait presque tout son temps.

 

A l’époque, le jeune Sylvester pour peut être joindre les deux bouts allait rendre de petits services à Tropicana. Quelle ne fut sa surprise de se voir administrer une gifle un soir pour s’être installé sur la batterie du groupe dirigé par Dama Damawuzan. Marqué par cet acte il se fait depuis lors un vœu : devenir chanteur et le miséricordieux a fait de lui un artiste. Master Drummer, c’est aussi la batterie et le maniement avec dextérité de la raquette du lawn tennis.

Faisant de l’art son job à plein temps, Master Drummer a à son actif plusieurs démos et un album sorti en 2006. Si « Tsadila » son premier album ne semble pas connaître un succès sur le marché togolais, l’artiste est lauréat des prestigieux Danish World Awards 2006 avec le single «Mayi Mava» un extrait de l’album. En 2007, il récidive en se positionnant parmi les 5 premiers dans les catégories World track et best album avec le single Kamassan et son album. Son objectif primordial : faire de la musique où le rythme a une forte présence, donnant l’opportunité aux instruments traditionnels et modernes à cohabiter. La fusion des genres, quand elle arrive à trouver son équilibre s’avérant souvent payante résume bien la démarche de l’album « Tsadila ».

Fidèle à cette logique, fruit des différentes rencontres et expériences, Master Drummer s’élargit l’horizon tout en restant attaché à ses origines. Son deuxième album « Mépoté » veut aussi être un caractère exceptionnel de ce savant mélange de rythmes d’ici et d’ailleurs, l’occasion d’une sincère collaboration avec Amen Viana (guitare et bass) et JB Gbadoé (batterie) du groupe Maleeka qui ont activement pris part à ce chef d’œuvre.

Dirigeant de mains de maître ses cours de musique africaine au Danemark, Master Drummer accueillit plusieurs fois King Mensah (chants), Henri Motra (chorégraphie), JB Gbadoé (batterie et percussions) à la grande gloire du Togo. Parlant de collaborations avec d’autres togolais, on cite aussi sa présence aux cotés de Sassou Koudou en décembre 2007 au centre culturel français de Lomé où il donna lui même un concert LIVE trois mois plutôt.

DES DEMOS AU 2ème ALBUM

Là bas au Danemark, Master Drummer fonde son groupe composé en majorité de musiciens européens qu’il appelle au départ Afro Roots, pour montrer son attachement à ses sources. Djembiste d’une précision remarquable, ses collaborateurs l’obligent à publier une première démo en 1997. Avec ce produit, il fit plusieurs scènes partout au Danemark et est classé parmi les meilleurs percussionnistes. Au vu des échos et des traces de cette première, il réalise une deuxième en 2002. Reconnaissant aussi que l’Afrique est le berceau …, il change le nom au groupe. D’Afro Roots on arrive à Roots tout simplement.

Et c’est à l’issue des sollicitations occasionnées par les deux démos que l’artiste s’oblige à sortir un véritable album. Pour donner corps à son rêve et surtout hanté par le souci de proposer un travail de recherche bien réussi, les travaux de studio durent des mois. Le résultat est le grand voyage qu’on s’offre en écoutant cet album de dix titres qui amènent à faire le tour du continent africain à bord d’un appareil battant pavillon européen. Et pour tout couronner l’album s’appelle Tsadila. Comme quoi « Le voyageur découvre beaucoup plus que celui qui monte des échelles ».

A peine sorti en 2006, Tsadila, le premier véritable album de Master Drummer, se positionne bien sur le marché danois. Outre le Danish World Music Awards, Tsadila a permis au virtuose togolais du Djembé de faire bien de scènes au Danemark et peu en Afrique.

MéPOTé, LE 2ème ALBUM

« MéPOTé » pâtit parfois d’un excès de tempos qui trop gonflés étouffent la voix de l’artiste. Cependant rien à dire sur les morceaux traditionnels qui puisent leur quintessence dans la veine de la culture africaine. Enregistré entre Lomé, Paris et Copenhague, le disque jouit d’une bonne production musicale et de bons arrangements avec la complicité d’Amen, JB et Dominique Sablier l’ingénieur, le claviériste titulaire de Tiken J. Fakoly.

Sa collaboration avec ses compatriotes sur cet album est sa façon d’honorer son pays, le saluer pour tout ce qu’il lui a donné, un aspect qui fait de l’album la résultante des connaissances acquises ici et là en parcourant le Togo d’un œil de percussionniste.

« MéPOTé » contient tout ou presque ce qui fait l’identité du Togo, l’identité de l’un des chanteurs les plus attachants que le pays peut offrir au monde. Des interpellations, des messages de conscientisation :

« DJIDOULA » pour rappeler que la patience est un chemin d’or, « MIWODEKA » parle du rapatriement des immigrés et rappelle aux occidentaux que l’Afrique les accueille toujours à bras ouverts, « KANKAN » nous éduque d’éviter d’avoir les yeux gros comme un train interpelle à se contenter du peu qu’on a, « ABLODEZAN » rend hommage à la terre de nos aïeux et pointe le néocolonialisme, « OLEYA » rappelle aux gouvernants de ne pas narguer leurs administrés, « LONLON » dénonce les vieilles diatribes entre familles, villages qui aujourd’hui sont sources de déséquilibre des couples, « MEPOTE » exhorte à la discrétion et au réserve de soi à l’image de l’escargot, « FAFA » est une invite à la paix, « KAMASSAN » rappelle qu’il vaut mieux écouter les conseils que de payer les prix, «MES SOUVENIRS » sont de vives présences en moi des chansons populaires qui ont bercé mon enfance.

En somme MéPOTé se partage pour l’essentiel entre de frissonnantes ballades et des invitations à danser sur les rythmes turbulents du blékété, de l’agbadja ou encore de l’akpèssè dont il sait parfois adoucir les angles pour être apprivoisés par tous.

PARTICULARITES DE L’ALBUM

Si Tsadila se présente comme une galette africaine, MéPOTé est une galette africaine particulièrement togolaise à la simple raison qu’il a connu la participation des meilleurs musiciens togolais de la Diaspora. Track par track, MéPOTé visite le répertoire national avec ses rythmes émouvants. Une démarche qui aboutit à un résultat positif. Chose qui se remarque par la détermination de l’artiste même qui a su puiser dans ses tripes pour enfin nous offrir MéPOTé son 2ème album aux titres bien malaxés et pleins d’énergie.

Les dix titres de cet album ne sont rien d’autres que des inspirations qui lui sont venues des différentes cultures Togolaises, qui dans un brassage culturel procurent encore plus d’émotion et de frisson source du puzzle suivant : Patients gagnants (« Djidoula ») dans l’union (« Miwodéka ») et la confiance en soi (« Kankan ») rendons hommage à la terre de nos aïeux (« Ablodézan ») sans égoïsme (« Oléya ») mais dans l’amour (« Lonlon ») et la discrétion (« Mépoté ») et la paix (« Fafa ») car le prix à payer est lourd (« Kamassan » et sans beaux souvenirs (« Mes souvenirs »).

Sans nul doute MéPOTé est une confirmation, un travail remarquable, prometteur et bien accompli. En somme une carte nationale d’identité à réclamer par la police culturelle.

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