Collecter les ordures est la profession de certains jeunes de la capitale. Un métier qui nourrit et menace. L’un des métiers les plus difficiles qu’exercent certains jeunes à Lomé est celui des éboueurs, ces employeurs chargés d’enlever les ordures ménagères à l’aide d’un pousse-pousse. « Dans notre quartier, nous passons de maison en maison deux fois par semaine pour ramasser les ordures », déclare TOKI, la vingtaine bien musclée.
Parmi ces collecteurs d’ordures, on peut remarquer la présence de plusieurs jeunes venus des campagnes et qui ont abandonné très tôt l’école, faute de soutien financier. D’après un responsable de ces ONG, cette activité a vu le jour dans les années 1996-1997, après que l’état eut résilié son contrat avec la SOTEMA, celle qui s’occupait auparavant de la propreté de la ville. Le salaire brut perçu par les employés varie habituellement entre 15. 000frs et 25. 000frs en plus des primes qui tiennent compte de leur dévouement au travail. « Au début nous payons 1500 frs à ces jeunes. Aujourd’hui compte tenu du nombre croissant des abonnés, ils sont rémunérés à 23000 frs au plus », selon Mr DIKOU, responsable d’une de ces associations de collecte d’ordures. Malgré toutes ces difficultés professionnelles, sanitaires et financières, ces jeunes estiment qu’ils arrivent à rejoindre les deux bouts car ce salaire assure leur pain quotidien. « Avec un salaire de 23.000 francs, je m’en sort bien », se contente KPATCHA. « Moi, mon salaire me suffit pour l’instant pour nourrir ma petite famille et à régler le loyer même si je n’arrive pas encore à satisfaire convenablement mes parents du village », renchérit TOKI. Seulement, ils ne peuvent pas épargner et préparer leur avenir avec ce revenu. Et certains en sont conscients. Au cours de l’exercice de leur tâche, ces jeunes braves rencontrent beaucoup de difficultés liées à la fois à la profession et au comportement des clients. « Parfois après le chargement, on a des crevaisons », s’exclama Adotévi. Même dans certains ménages, des propos malveillants ou discourtois à leur égard ne manque pas. En dehors de ces problèmes dus à l’exercice de leur métier, s’ajoutent des ennuis de santé.. « Le port de cache-nez, des chaussures de sport et des gants sont strictement recommandés. De même nous les vaccinons périodiquement », explique Mr DIKOU. Cependant, sur le terrain, peu d’entre eux respectent ces consignes. Pour justifier le refus du port de ces matériels, Mr DIKOU ajoute : « Bon nombre ne sont pas habitués à porter des chaussures fermées. Faut- il les licencier ? Non », ajoute le responsable. Car ils partiront tous et nous n’aurons plus d’employés et ces jeunes constituent la seule main-d’œuvre dans ce métier », conclue-t-il. Par ailleurs pour bien accomplir ce travail, d’autres sont contraints de se saoûler ou de se droguer. Une manière pour eux de dominer l’odeur que dégagent ces ordures, surtout les matins. Enfin, il faut le reconnaître, sans ces jeunes qui ont pris le relais de SOTOEMA dans le ramassage des ordures, Lomé serait devenu la capitale la plus insalubre de la sous-région. Pourtant, leur situation fait réfléchir, quand on sait que leur métier ne leur permet pas de répondre à leur santé, voire garantir leur retraite.