Nii Mantchè déchu : fin du rififi dans les couvents Gê ?

Depuis plus d’une décennie, s’est installée autour de la vie spirituelle des peuples Gê du Togo, une atmosphère délétère faite de rivalités malsaines, de coups bas, d’intrigues allant parfois jusqu’à l’agression physique. Il en résulte depuis lors et presque à chaque édition, moult couacs et perturbations dans l’organisation des très importants rites calendaires, Epé-Ekpé qui marquent le début de la nouvelle année chez les Gê, affectant la crédibilité de ces cérémonies religieuses et entachant la dignité du peuple Gê dans son ensemble.

Afin de mettre définitivement fin aux rififis dans les couvents, de redorer le blason des cérémonies de la prise de la pierre sacrée à Glidji Kpodji et par ricochet des valeurs des pratiques ancestrales, les chefs cantons Gê de la préfecture des lacs réunis autour de leur chef suprême « Gê Fiogan Folibébé  XV » ce mardi 05 avril 2016 au palais royale de Glidji, ont confirmé et entériné dans une déclaration rendue publique, leur décision du 05 février 2016 portant exclusion du sieur AMINOU Ayayi alias Nii Mantchè, de toutes les cérémonies des divinités Gê.

Il est reproché au fameux Nii Mantchè d’avoir profané les lieux de culte et dévoyé les cérémonies culturelles au point de transformer la « Forêt Sacrée » en un lieu de débauche et d’actes incompatibles avec les règles qui président à la gestion de ce haut lieu abritant l’âme du peuple Gê. Il lui est également reproché d’avoir érigé une stèle pour le culte des jumeaux, acte incompatible avec les us et coutumes du peuple Gê. Outre ces « dérives » il aurait aussi introduit dans la « Forêt Sacrée » des communautés étrangères n’ayant aucun lien avec les 41 divinités Gê y présentes.

Il faut noter qu’en matière de sanctions, le sieur Ayayi AMINOU alias Nii Mantchè n’est pas à sa première expérience. En 2008, deux sanctions lui avaient été infligées suite à des troubles intervenus en 2007. En mars 2015, il a été de nouveau sanctionné. La goutte d’eau qui a débordé le vase est l’évènement du jeudi 10 septembre 2015 à Gbatoumé. Nii Mantchè aidé de ses partisans a posé des actes qui se sont soldés par des agressions physiques occasionnant coups et blessures lors du rapt qu’il a organisé pour arracher la divinité et s’enfuir avec, à la fin des cérémonies d’Epé-Ekpé, au nez et à la barbe des autorités locales, politiques et traditionnelles.

En profanant ainsi les symboles des plus sacrés de la tradition Gê, il a encouru la sanction suprême formulée par la collectivité Coley qui l’avait proposé et intronisé : déchéance de ses titres et de ses attributs. Ce sont donc ces sanctions qui viennent d’être entérinées par les chefs cantons des lacs ce mardi.

Ainsi, Nii Mantchè n’a plus droit à aucune des ses anciennes prérogatives. Il ne représente plus la divinité COLEY en pays Gê. Il n’a plus l’onction ni de sa collectivité ni des chefs cantons Gê.

Outre la réaffirmation de la déchéance de Nii Mantchè, les chefs cantons Gê ont également réaffirmé leur appui au roi suprême des Gê, sa majesté Gê Fiogan Sédégbé Foli-Bébé XV dans sa décision portant déchéance de Nii SEWA AGBOTOKLO de sa charge de « Lankpan Hounon » d’Agbodrafo de même que son « Tassinon », Lamlé AGBODJAN et de la fermeture du couvent LANKPAN d’Agbodrafo.

Désormais l’heure est à l’espoir de voir ces décisions prises par les chefs cantons de la préfecture des lacs respectées afin que la sérénité revienne au sein du peuple Gê du Togo et autour de ses cérémonies traditionnelles fédératrices.

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