Depuis quelques années, le Togo connait dans sa sphère artistique une extraordinaire effervescence. Longtemps déprécié, ce milieu semble avoir retrouvé ses lettres de noblesse et l’explosion des vocations dans la musique ou l’art plastique par exemple, en témoigne à suffisance. « Beaucoup sont appelés, peu sont élus » dit le dicton et, Richard Lawson-Body fait aujourd’hui parti de ce petit nombre qui « capte la lumière » (des projecteurs). Il innove et sort des sentiers battus. Il est plasticien, calligraphe, poète et… se découvre à tootogo.tv.
C’est qui Laté Richard Lawson-Body ?
Je suis artiste plasticien, calligraphe et poète. La peinture est une chose qui fait partie de mon univers depuis ma tendre enfance. Je réalise des œuvres suivant mon intuition. J’associe le plus souvent dans mes œuvres la peinture et la calligraphie qui, est un art que j’ai adopté depuis l’âge de 9 ans pour avoir suivi une formation en la matière. La poésie est une autre forme d’expression qui rempli souvent mes moments d’évasions et de mélancolie. Vous trouverez sur certains de mes tableaux une association de peinture, calligraphie et poésie.
On voit qu’il y a plus d’une corde à votre arc ! Pouvez-vous nous parler un peu de votre parcours artistique ?
J’ai commencé par la calligraphie que j’ai appris chez Feu Ettey François, calligraphe à la Grande Chancellerie de l’Ordre du Mono. C’était en 1995. La calligraphie m’a permis de maitriser les techniques de l’écriture et aussi des lignes, ce qui m’a permis plus tard de m’exprimer aisément en dessin. Déjà à 12 ans je réalisais des cartes postales à l’aquarelle et à la gouache que je vendais à mes amis. J’en avais même exposé à la boutique Gladys de l’hôtel 2 février. Il est vrai que je m’exerçais en peinture au début d’une manière vague car j’étais autodidacte mais avec le temps qui passe ma technique a évolué. Et aujourd’hui je sais où me diriger dans mon travail.
L’œuvre d’art est pour moi une façon de me libérer des idées qui me passent par la tête et aussi de révéler au monde ce que je trouve bon et non beau. Je considère plus le beau comme de la carrosserie alors que le bon est un tout. Je travaille depuis toujours sur des thèmes liés aux valeurs humaines, tels que l’Amour, la tolérance, la solidarité… Mais aujourd’hui plus que jamais je consacre mon travail à la Paix et à la défense des Droits Humains et en ce sens, j’ai eu à exposer avec une association dénommée AMJP au siège à Lomé de l’Organisation des Nations Unies pour la Paix et le Désarmement en Afrique et à l’État Major Général des Forces Armées Togolaises. J’ai aujourd’hui à mon actif une dizaine d’expositions. J’ai eu aussi à illustrer la couverture des livres de quelques auteurs togolais et maliens dont LIBATIONS, un recueil de poésie de Me Joseph Kokou KOFFIGOH, ancien premier ministre togolais.
On vous a récemment vu à une formation à l’art plastique à l’intention des jeunes à Kpalimé. C’était quoi le projet ?
C’est par rapport à mon engagement que j’ai été invité par Amnesty Togo, pour diriger l’atelier de dessin organisé à l’occasion du Forum national des jeunes. J’ai eu à initier les jeunes aux techniques du dessin et sur la psychologie des couleurs. C’est un moment intense de partage au cours duquel j’ai donné le peu de savoir que j’ai avec mes jeunes frères. Nous avons créé des œuvres sur un Thème « Mon corps, mes Droits » œuvres que nous avons exposées au CRETEFP de Kpalimé.
Parlant de la calligraphie au Togo, c’est à croire que vous êtes unique dans le domaine ?
Unique ? Non ! C’est vrai que la calligraphie est un art très méconnu du public togolais. Il y a certains qui le pratiquent de façon artisanale mais moi j’essaie de le développer au quotidien à travers mes recherches personnelles. J’ai même suivis quelques formations en imprimerie notamment en montage et insolation de plaques. Ce qui m’a emmené à ajouter ma touche personnelle ce qui donne un aspect plus esthétique et unique à ma calligraphie.
Que vous rappelle l’exposition collective à l’État Major des FAT ?
Cela fait partie de l’un des moments exceptionnels de mon parcours. Moi et quelques amis plasticiens avions exposés nos œuvres sur la Paix et le désarmement, dans le grand hall de l’État Major Général des Forces Armées Togolaises lors de la visite au Togo de Son Excellence Angela KANE, Secrétaire Général adjoint des Nations Unies pour le désarmement. C’est un moment encore plus inoubliable parce que nos œuvres ont étés appréciées par les plus hautes autorités civiles et militaires de notre Pays et par Mme la Secrétaire Général adjoint des Nations Unies.
Depuis un certains temps, le ministère de la culture se défend dans l’accompagnement du secteur culturel. Ses efforts sont ils suffisants ?
Nos dirigeants ont pris trop de temps pour décider d’accompagner le secteur des arts et de la culture, ignorant peut-être l’apport de la culture dans le développement d’un pays. La mise en place d’un ministère des Arts et de La Culture depuis quelques années est à saluer ainsi que toutes les initiatives du gouvernement en vue d’aider à l’émergence des artistes. Mais personnellement je trouve que les efforts sont trop insuffisants vu l’ampleur du besoin. Même le Fond d’Aide à la Culture qui a été voté à hauteur de 450 millions de Francs Cfa a, aux dernières nouvelles, été réduit à 265 millions. Je me demande jusqu’à quand le secteur de l’art va être sacrifié par rapport aux autres secteurs. Le Togo regorge de talents certes et aussi de ressources mais par manque de politique adéquat, nous stagnons, par rapport aux autres pays de la sous-région dans le domaine des arts. C’est ici l’occasion de lancer un appel à nos dirigeants à investir plus dans la formation et dans l’accompagnement des acteurs culturels et à lutter beaucoup plus contre la piraterie.
Quelle place occupent les arts du Togo dans la sous-région ?
Difficile à dire parce qu’il n’y a pas de statistique officielle dans ce sens. Mais je sais que les artistes togolais ont toujours excellé partout dans le monde par leurs talents et le travail bien fait. L’exemple emblématique qui me vient à l’idée celle de la regrettée diva de la chanson togolaise Bella Bellow dont le portrait a été apposé sur le billet de 10 000F CFA et aussi du professeur Paul AHYI qui a eu plusieurs distinctions pour son travail, il y a encore plusieurs exemple même dans la jeune génération. Mais aujourd’hui le secteur des arts est encore plus exigent que jamais donc nos dirigeants doivent prendre la mesure de la chose et investir davantage dans ce secteur.
Si Lawson-Body avait une baguette magique aujourd’hui, que changerait-il au Togo ?
Réveiller chez nos dirigeants l’amour de l’art et augmenter leurs efforts à l’endroit de ce secteur clé, vitrine de tout un pays…