Donissen Donald « …je dessine en vue de susciter le sourire »

Quant ils ne les ont pas à leurs bottes, il n y a rien de pire pour les hommes politiques et autres acteurs du domaine public que ces médias qui scrutent et épient leurs moindres faits et gestes. Et un des plus haï par ces messieurs et dames (quoique peu l’avoueraient) dans le corps des hommes de média est le caricaturiste, ce professionnel « tourneur en dérision ». Au Togo, Donissen Donald passe pour un maitre en la matière. Reconnu pour son talent, il met sa compétence au profit de la presse togolaise et dans cette interview, il nous parle de son travail et retrace son parcours.

Qui est Donissen Donald ?

Je suis un personnage assez modeste. Dessinateur de presse togolais, je suis né à Lomé. J’ai grandi à Abidjan en Côte d’Ivoire où j’ai commencé mon cursus scolaire jusqu’à l’obtention de mon Bac. Ensuite, j’ai fait la littérature Africaine à l’Université de Lomé au département d’Anglais pendant que je m’engageais dans la presse écrite.

Vous êtes caricaturiste. Dites-nous un peu ce que c’est ?

Un caricaturiste, c’est en fait un dessinateur qui a pour particularité de tourner en ridicule des personnages politiques ou sociaux en mettant l’accent sur leurs traits caractéristiques. Autrement dit, j’exagère les traits ou je déformes les hommes que je dessine en vue de susciter le sourire.

Parlez-nous un peu de votre parcours artistique ?

Il faut dire que je suis dans le dessin depuis l’école primaire. Cependant mon parcours dans la presse a commencé en 2002 avec un journal nommé « Yévi Golotoé » qui n’ a pas fait long feu. Il eut un moment d’accalmie jusqu’en 2007 pendant ce temps je militais dans une association d’illustrateurs et d’ auteur appelée ATAILE (Association Togolaise des Auteurs et Illustrateurs de Livres pour Enfants) avec laquelle je publiais des bandes dessinés et illustrations dans les magazines « Z Magazine » et « Lis Voir ». En 2007, j’ai continué le parcours dans la presse avec le journal « Golf Infos » du groupe « Inter Médias » avant de publier à la fois dans plusieurs autres journaux notamment Focus Info, Triangle de Enjeux, Infos Sud, Sika’a Magazine et Liberté. J’ai aussi travaillé avec plusieurs ONG et des particuliers pour qui j’ai fait des dessins qui ont servi à la sensibilisation ou à l’illustration de documents.

Quel lien existe-t-il entre une caricature et un dessin ?

En fait, le dessin caractérise tout ce qui est reproduit par des traits avec un crayon ou toute matière permettant de reproduire des lignes et la caricature n’est rien d’autre qu’un dessin sinon, un des multiples genres de dessin. Sa particularité réside dans le fait de déformer ou d’exagérer les traits caractéristiques des objets ou des personnages qu’on reproduit.

Vous avez entre temps organisé des séances de formation pour enfants. Faites-nous un peu le résumé de cette formation.

Les séances de formation que j’ai fait ont le plus souvent été dans des cadres précis. Soit en atelier de dessin avec l’association ATAILE ou dans le cadre du festival de dessin Mine de crayon. Celle du dernier festival était avec des élèves de quelques établissements de la place dont l’école Alpha. Cela a permis de détecter des talents parmi les élèves et permettre à d’autres de toucher un peu à la caricature. J’ai essayé de voir s’ils pouvaient caricaturer notre personnage principal dans le dessin de presse au Togo, c’est à dire le Président de la République. J’ai plutôt été agréablement surpris parce qu’ ils ont vraiment assuré.

Justement, « Mine de crayon » a été une des initiatives de votre équipe dans le cadre de la communication en dessin. Comment en êtes-vous arrivé là ?

C’était en mars 2010 que nous avons organisé la première édition de « Mine de Crayon ». Nous avions senti le besoin de faire un peu plus la promotion du dessin de presse au delà de la presse elle-même et aussi découvrir de nouveaux talents en la matière. Du moment où le dessinateur de presse est très souvent tapis dans l’ombre, c’est pour nous une façon de le faire découvrir et de le rapprocher de ses lecteurs et ses admirateurs.

Vous travaillez dans les journaux togolais comme caricaturiste. Dites-nous si la caricature passe le bon message comme les articles ?

La caricature passe le message aussi bien qu’un article rédactionnel. Tout dépend de la manière dont on s’y prend et de la façon dont le lecteur la lit. Tout le problème est qu’elle ne fournit pas tous les détails du message comme le ferait un article écrit. Il faut dire qu’elle est bonne pour ceux qui n’aiment pas trop lire ou qui n’ont pas le temps de lire tout un tas d’écriture avant d’avoir et de comprendre une information. L’ autre avantage est qu’il s’en sort avec un petit sourire.

Le caricaturiste vit-il de son art ?

Le caricaturiste vit de son art quand il lui est reconnue la valeur de son travail et que s’en suit la rémunération. En plus, le fait de vivre de cet art dépend d’un dessinateur à un autre et surtout du caractère propice ou pas de l’environnement dans lequel nous sommes. Dans certains pays, les gens ont réalisé leurs rêves à partir de simples dessins. Et dans notre pays, le dessin n’est toujours qu’ à son début d’envol et nous nous battons pour qu’il nous porte loin et paie mieux.

Quelles sont vos ambitions ?

Mon ambition est de faire en sorte que le dessin de presse devienne un élément incontournable dans la presse togolaise et que le dessin en lui même soit exploité dans toutes ses facettes et surtout qu’il profite au dessinateur. Faire en sorte qu’il soit ici une profession à part entière et que le Togo devienne une plate tournante du dessin comme certains pays d’Afrique notamment le Congo, la Côte-d’Ivoire ou d’autres pays d’Asie et d’Europe.

Quitter la version mobile