L’art, en général, est le parent pauvre, et de la politique et de l’économie, au Togo comme dans bien d’autres pays africains. L’art plastique est d’entres tous les formes d’art, celui qui sous nos cieux est le moins apprécié et célébré. Pourtant ce ne sont pas les talents qui manquent ; aujourd’hui comme hier. Le feu professeur Paul AHYI dont les œuvres, visibles dans bien d’espaces publics à Lomé et qui font la fierté du pays, représente pour beaucoup de jeunes plasticiens togolais le modèle à suivre. Tootogo.tv est allé à la rencontre d’un de ces émules du maître. Son nom est Lawson Florent. C’est un jeune peintre bourré de talent et il nous parle de son art…
Par quelle magie êtes-vous rentré dans la peinture ?
Ce n’est pas du tout de la magie. Déjà tout petit, j’avais des prédispositions à la chose artistique. Plus tard devenu très sensible à tout ce qui se passait autour de moi, je me suis donc mis à m’exprimer par les couleurs et les formes.
Comment vous sentez-vous devant une toile nue ?
Devant une toile vierge je me sens telle une boite pleine prête à exploser. Et le déclic, le premier coup de pinceau, marque le début de ma sublimation… pour moi peindre c’est sublimer…
Peindre un tableau relève-t-il d’un savoir faire ou d’un génie malin ?
En ce qui me concerne, peindre relève beaucoup plus d’une grande sensibilité à la beauté et au message des couleurs et des formes. Cependant, pour développer une technique, il faut un savoir-faire basique.
Tout le monde peut-il devenir un peintre ?
Cela dépend de ce qu’on inclut dans le sens du mot. S’il s’agit du peintre qui doit appliquer les pigments sans y mettre une partie de lui, sans jamais vibrer sous l’harmonie des couleurs qu’il applique; là c’est oui, n’importe qui peut le faire. Mais ce que moi j’entends par ’’peintre’’ est bien loin de cette caricature; c’est plutôt un messager qui sais bien donner à ses œuvres une valeur aussi esthétique que fonctionnelle.
Quelle différence y-a-t-il entre un peintre et un dessinateur ?
A priori, il n’y a pas de différence fondamentale entre les deux acteurs; c’est plutôt les disciplines qui présentent des nuances. Le dessin est par essence une représentation par tracés monochromes; alors que la peinture est forcément une illustration colorée. Mais il peut y avoir des peintures monochromes qui peuvent faire des dessins très colorés. Tout compte fait avant d’être colorées, toutes les peintures figuratives sont d’abords des dessins lorsqu’elles passent par l’étape de l’esquisse…
Combien de temps peut prendre un tableau pour être appréciable ?
C’est relatif; cela dépend aussi bien du talent de l’artiste, de la valeur esthétique ou fonctionnelle du tableau en gestation. On peut donc voir un même peintre passer des jours à peindre un tableau, et le voir réaliser un chez d’œuvre en quelques minutes.
Quels sont les différents tableaux que vous présentez ?
Au départ je faisais un peu de tout et beaucoup de figuratif; mais par la suite le simple champ du figuratif ne m’offrait pas assez d’opportunités pour l’expression de mes inspiration. Aujourd’hui je fais plus de l’abstrait.
Combien peut coûter un tableau ?
Une œuvre d’art n’a pas de prix… On lui donne un prix à la hauteur de l’amour qu’on lui porte en un temps.
La peinture nourrit-elle son homme ?
Bien-sûr, comme tout autre métier. Néanmoins, les civilisations occidentales sont un lieu beaucoup plus propice à l’épanouissement économique des artistes. Ici, il y a beaucoup de travail à faire. Nous ne consommons pas assez d’art…
Entre le portrait et le paysage lequel est difficile ?
Ce n’est pas facile puisque dans les deux cas il y a un idéal à atteindre: la ressemblance; la représentation fidèle.
Si on vous dit de changer de métier aujourd’hui, quel métier allez-vous choisir ?
Je ferai bien l’architecture, mais la peinture; quand on y est imprégné, on meurt avec… « Rires… »
Avez-vous une idole auquel vous voulez ressembler ?
Nul autre que le professeur Paul AHYI, paix à son âme !
Vos ambitions.
Avoir mes tableaux dans les plus grand musées du monde…