Sokey EDORH « Where are you? Voyages dans l’espace »

Il est né à Tsévié une ville située à 35 km de Lomé la capitale du Togo en 1955. Il fit des études de philosophie à l’université du Bénin de 1984 à 1986. En 1988 il fut choisi pour représenter le Togo à l’exposition « Bordeaux Porte de l’Afrique ».

Il s’agit de Sokey Edorh, qui est en ce moment au Luxembourg du 5 au 17 avril 2011 dans le cadre de l’exposition « Where are you ? Voyages dans l’espace ». Tootogo vous laisse découvrir cet artiste plasticien éblouissant qui parcourt le monde par ses œuvres.

Bonjour Sokey, pouvez-vous nous retracer en quelques mots votre parcours ?

Bonjour Pierre, mon parcours est limité par les études de philosophie à Lomé (Togo), de beaux arts à Bordeaux, à Paris (France) et en Allemagne. J’ai exposé en France, en Allemagne, je suis collectionné par le musée de Newark aux Etats-Unis, en Afrique, aujourd’hui je suis au Luxembourg dans le cadre de l’exposition « Where are you ? Voyages dans l’espace » en passant par l’Allemagne après avoir fait Hungertuch « Les affamés » ou le voile de carême qui se trouve dans plusieurs églises européennes ; 3000 en Suisse, 300 au Pays-Bas et dans toute la Bavière du Sud (Allemagne)…, je viens de faire un mois d’explication de ce voile dans les cathédrales, et voilà un peu en bref mon petit parcours d’Artiste.

Vous exposez du 5 au 17 avril 2011 au Luxembourg, parlez-nous du thème de cette exposition « Where are you ? Voyages dans l’espace ».

Ce thème vient d’une rencontre avec Mme Laure Huberty au musée de Bamako (Mali) ou j’avais fait des installations sur le voyage de l’Afrique vers l’Europe avec 9 panneaux de 3m30x3m30 qui dépeignait l’immigration c’est-à-dire le voyage. Donc pour cette exposition c’est en même temps l’immigration, le voyage, ou es-tu dans l’espace? Les gens ont disparu à cause des crises politiques, de la dictature qui sévit dans nos pays et on se demande ou ils sont. Cette exposition trace l’itinéraire africaine, c’est-à-dire qu’il n’y a pas que l’immigration vers l’Europe, mais il y a l’immigration à l’intérieure même de l’Afrique à travers les guerres de Darfour. Ces tableaux parlent de ces voyages, de ces déplacements dans le temps et dans l’espace.

Vos toiles parlent et si je prends par exemple, Les naufragés de l’espoir, ils racontent…

Les naufragés de l’espoir, c’est d’abord un parcours d’une vie réelle locale et en même temps d’une vie de la société africaine pour le désir d’une aventure, mais ce désir est un peu mal interprété, donc c’est ça que je note dans les naufragés de l’espoir. Des gens qui ont de l’espoir d’une vie meilleure ailleurs en Occident et qui prennent des pirogues de fortunes, au Sénégal, en Mauritanie… pour les côtes d’Espagne, d’Italie, de Malte et qui des fois arrivent en catastrophe. Au lieu de comprendre ça comme une immigration naturelle, les gens prennent ça comme une immigration indésirable et on leur faire subir beaucoup d’injustice, on les renvoie dans leur pays, on fait des lois pour les bloquer. Voilà ce que je dénonçais dans ses tableaux « les naufragés de l’espoir ».

Pouvez-vous nous parler du mythe Dogon ?

Le mythe Dogon c’est des idéogrammes (Symbole graphique représentant un mot ou une idée utilisé dans certaines langues.) que j’ai découvert à Sangha au Mali lors de mes voyages de recherches un peu ethnologique au niveau des peuples qui ont su garder leur culture. J’ai vu que les chasseurs écrivent sur leur maison des symboles, des images qui sont des litanies ou des poèmes pour leur Dieu ; au temps des récoltes, ils laissent des traces de ces idéogrammes, après la pluie les lave pour les transmettre à Dieu. Cette façon de procéder m’a beaucoup plu et j’ai à travers ça crée un alphabet Dogon qui est propre à moi, qui est composé de plusieurs lettres, donc je peux écrire un texte qu’on peut lire, c’est une façon de dédier une sorte d’écriture à l’Afrique.

Aujourd’hui, êtes-vous satisfait de l’écriture Dogon ?

Bien sûr, puisque je l’écris couramment et puis c’est ma propre écriture que je peux adapter à tout le monde, comme ça on dira un jour que l’Afrique à son écriture écrite.

Qu’est-ce qui vous inspire ?

La vie naturelle des gens en Afrique, c’est pour cela que je n’arrive pas à quitter l’Afrique, malgré que je viens souvent en Europe. La vie des gens simples, c’est une philosophie de vie personnelle que je continue à défendre.

Que diriez-vous à un jeune qui veut se lancer dans l’art plastique ?

D’abord il faut avoir du talent, de la vocation et d’être courageux, être rigoureux dans ses recherches, avoir de la personnalité, défendre son idéal jusqu’au bout et continuer son chemin en travaillant dur, être créatif… l’art demande beaucoup de temps. Avant de sortir mes premiers tableaux, j’ai d’abord travaillé dix ans en cachette, donc il faut faire le boulot très sérieusement aboutir et montrer ensuite. Je parle aussi aux musiciens de ne juste pas avec deux à trois mois pondre une idée et voilà on veut se montrer à la télé et puis après on a plus rien à dire, non il faut vraiment travailler.

Souveniez-vous encore du jour ou vous étiez sur le boulevard circulaire de Lomé, une pancarte au cou sur laquelle on lisait Silence ? s’était pour…

J’en ai fait plusieurs, il y a journée sans mensonge, rien que de la vérité sans blague, le Togo en solde ou j’ai vendu le Togo publiquement parce que ça ne valait plus rien du tout car nos politiques l’ont détruit en fermant des personnages dans les cages avec un cadenas. Je me rappelle bien, c’est des moments de performance et j’en ai même fait il y a deux mois lors des évènements en Côte d’Ivoire ou j’ai mi un panneau sur la tête sur lequel on lisait l’opinion internationale condamne Laurent GBAGBO, la foule a condamné Jésus-Christ donc c’est une question de logique, GBAGBO est innocent, voilà la dernière performance en 2011 rires…

Quels sont vos projets ?

Dès mon retour à Lomé (Togo), je vais préparer une autre exposition pour l’Italie, j’ai un dossier en cours aux États-Unis dans la ville du Vermont.

Votre coup de gueule.

La politique culturelle est négligée dans notre pays ce qui fait qu’on est dans une sorte de cimetière culturel au Togo et j’aimerais que nos gouvernants pensent à la culture parce que quand on rentre à Lomé (Togo) comparée à Accra (Ghana) ou à Cotonou (Bénin), on a même pas de monuments fiables contemporains à nos carrefours, on a que des panneaux publicitaires partout, il faut la culture, des monuments, immortaliser des faits, faire travailler des sculpteurs et le Togo n’en manque pas.

Que la culture soit redynamisée au Togo parce qu’on est un parent pauvre dans la sous région ouest-africaine. Nous (Artistes), on essaie d’apporter notre pierre, mais il faut que les responsables fassent ou soutiennent vraiment des projets durables, consistants dans la durée et que les artistes puissent vivre de leur art, que ce soient les musiciens, les hommes de théâtre, les peintres, les comédiens… je parle de tout l’art en général pas seulement de la peinture.

Votre coup de cœur.

J’aime bien mon pays le Togo et je ne veux que du bien pour mon pays.

Votre dernier mot.

Je demande à mes compatriotes qui sont à l’extérieur de revenir apporter toujours leur pierre pour le pays (Togo). Que les gens commencent par travailler ensemble sans calomnie et sans arrière pensée.

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