Nés dans les années 60 et 70 au Togo, le « concert-party » est une sorte de théâtre traditionnel, et la « cantata », un spectacle de danses aux allures de carnaval, sur fond des rythmes traditionnels. Ces deux genres d’ « art populaire » autrefois très prisés sont aujourd’hui tombés en désuétude. Les revaloriser et les remettre au goût du jour, tel est le combat auquel se voue le centre culturel HAKUNA MATATA de Lomé qui pour relever son défi, a initié un projet de formation des comédiens dans ce sens. Pour en savoir plus sur le projet, nous avons approché le directeur dudit centre…
Bonjour monsieur Michel HOFFER, vous êtes porteur du projet dénommé « atelier national de revalorisation du théâtre traditionnel : concert-party et cantata », alors, quel constat vous amène à vouloir revaloriser le théâtre traditionnel ?
Bonjour, le constat est que le théâtre traditionnel a disparu de la scène togolaise. En général nous ne savons plus faire de la cantata et nous ne savons plus aller au concert-party, on ne s’intéresse plus tellement, et les porteurs de ce genre n’existent plus en tant que tel. On a plus que Beno Sanvee Alowassio, Azé Kokovivina et quelques-uns, qui sont d’ailleurs les formateurs à cet atelier… Alors on voulu prendre 8 jeunes dramaturges, metteurs en scène et comédiens togolais, les former sur les outils théoriques et techniques qui permettent de renouveler la pratique théâtrale et la maitrise du théâtre traditionnel. Cette formation s’adresse à ceux qui sont déjà dans le métier et se battent pour le développement de la culture togolaise. A ces personnes on veut leur donner les outils nécessaires pour qu’ils puissent remettre sur scène le théâtre traditionnel, et fasse intégrer désormais ces genres dans leurs créations dramatiques.
Quel est l’intérêt de revaloriser le théâtral traditionnel ?
Il est primordial de renouveler cet art, c’est le notre. Aujourd’hui les jeunes ne s’y connaissent pas, nos propres enfants se perdent, ils n’arrivent plus à mettre la différence ente le théâtre traditionnel et celui actuel. Ils se demandent même ce qu’est le théâtre ! Il faut donc réveiller la conscience de tout un chacun, rappeler aux gens qu’un art se meurt, s’éteint au Togo. Auparavant, quand le week-end arrive, c’est la joie dans les foyers on s‘apprêtait pour aller suivre le concert-party, nos petits frères et sœurs adoraient la « cantata » qui souvent étaient jouées dans les établissements scolaires. Aujourd’hui tout est dans l’obscurité, c’est vraiment dommage et regrettable. Il est donc de notre devoir d’éclairer cette partie sombre de notre existence afin que demain nos enfants puissent retrouver cet art tant aimé au Togo.
Quelle place occupait l’art tradition dans la culture togolaise ?
C’était une place centrale et nous nous souvenons, parfois à la télé lorsqu’il arrive que passe le théâtre européen, les gens s’ennuyaient et réclamaient le théâtre africain particulièrement togolais. C’est vrai qu’on ne connaissait pas Molière et les européens le joue très bien. Mais quand c’était une pièce africaine, jouée par les africains on s’attache à la suivre et on se sentait à l’intérieur. Même dans les églises et écoles on jouait de la « cantata » qui avait pour vocation de rassembler les jeunes autour d’un idéal, autour d’un sujet. Les télévisions ne passent plus la « cantata », le concert-party ne se fait plus… le seul ténor qui reste c’est Azé kokovivina. Il faut que ce dernier puisse transmettre ses connaissances aux jeunes, afin qu’on ait une relève. La cible du projet ce sont les jeunes, ceux qui s’intéressent au théâtre traditionnel et nos enfants dans les écoles. Il faut préparer la relève et c’est ce que nous voulons faire a travers ce projet qui sera exécuté sur toute l’entendue du territoire nationale.
Quelles retombées concrètes espérez-vous à la fin du projet ?
Immédiatement ils vont avoir une meilleure appropriation du concert-party et de la cantata et ensuite ils vont faire du centre culturelle HAKUNA MATATA un lieu où désormais on aura régulièrement des soirées de « concert », des soirées de cantata et où on pourra se retrouver pour rigoler ensemble. A l’intérieur du pays, il ya aura des soirées périodiques. Les personnes que nous formons vont former d’autres jeunes de leurs zones habituelles à la pratique du théâtre traditionnel et nous pensons que ce serait parti ! Nous aurons à nouveau des soirées de concert-party et de la cantata, à l’intérieur comme à Lomé. Le projet est à durée indéterminée et nous allons renouveler de temps à autre la formation.
Votre mot de fin monsieur Michel HOFFER ?
II faut dire pour cette première phase de notre projet, la formation a débuté le mardi 3 mars et a pris fin ce vendredi 07 mars avec un grand spectacle de restitution au centre culturel Hakuna Matata. Les 8 jeunes dramaturges étaient sur scène avec leurs ténors (SANVEE alouwassio, Gaétan NOUSSOUGLO, AZE kokovivina…) pour une soirée du rire. Nous allons poursuivre ce projet jusqu’a ce que cet art traditionnel (concert-party et cantata) soit revalorisé et renouvelé au Togo et en Afrique.