PARIS (AFP) — Michael Jackson, décédé jeudi à l’âge de 50 ans à Los Angeles, a été l’une des plus grosses stars de l’histoire de la musique aux côtés des Beatles ou d’Elvis Presley, grâce avant tout à « Thriller », l’album le plus vendu de tous les temps.
L’Américain a marqué la musique moderne par sa voix haut perchée et ses talents inouis de danseur, reprenant dans les années 80 le flambeau des stars noires des années 60/70. Selon des chiffres cités aux États-Unis, il a vendu un total de 750 millions de disques, un record pour un artiste solo.
A la sortie de « Thriller » en décembre 1982, Jackson, 24 ans à l’époque, était déjà une vedette: il avait débuté à l’âge de quatre ans dans le groupe funk Jackson 5 aux côtés de ses frères, sous la férule impitoyable de leur père, Joe Jackson. Mais c’est ce disque, son sixième en solo, qui l’a fait basculer dans une autre dimension.
« Thriller » est l’album des superlatifs. Ses chiffres de vente sont sujets à controverse puisqu’il n’existe pas de comptage mondial officiel. Le label Epic (Sony Music) a longtemps mentionné un total de 104 millions d’albums. Mais nombre de spécialistes jugent ces chiffres exagérés et situent la fourchette entre 50 et 60 millions.
Réédité l’an dernier à l’occasion de ses 25 ans, « Thriller » restera sans doute à jamais l’album le plus vendu de tous les temps: la crise qui touche l’industrie du disque semble exclure que de tels sommets soient à nouveau atteints.
Il a passé 80 semaines dans le top 10 aux États-Unis, dont 37 à la première place. 27 fois disque de platine (27 millions d’exemplaires) aux USA, il est le seul album à y avoir réalisé les meilleures ventes deux ans de suite (1983 et 1984). Il a été disque de platine ou de diamant dans seize pays, dont le Royaume-Uni, la France ou le Japon. Sur ses neuf chansons, sept sont sorties en singles.
C’est sur l’un d’eux, « Billie Jean », que ce danseur surdoué avait étrenné son fameux pas glissé, le « moonwalk », en mai 1983 lors d’une émission télévisée pour les 25 ans de Motown. Ce mythique label de musiques noires avait lancé les Jackson 5 en 1968, avec Diana Ross comme marraine.
« Thriller », qui a mis la musique noire au premier plan, était le deuxième album de Jackson réalisé avec le producteur Quincy Jones après « Off the wall » (1979), autre jalon de sa carrière.
Mélange de soul, de disco-funk et de pop, « Thriller » avait bénéficié de la participation de grands noms, Paul McCartney (sur « The girl is mine ») ou le guitariste Eddie Van Halen (sur « Beat it »). La chanson d’ouverture, « Wanna Be Starting Something », utilisait le thème de « Soul Makossa » de Manu Dibango (1972), ce qui avait conduit le saxophoniste camerounais à engager une procédure contre le chanteur américain.
Le succès de l’album s’explique également par des facteurs sociétaux.
Sa sortie a eu lieu à l’apogée du vinyle, supplanté peu après par le CD, et correspondait à l’avènement de la chaîne musicale MTV. Celle-ci a contribué à faire de Jackson le « King of pop » tandis que les clips novateurs de ce dernier ont renforcé la notoriété de la chaîne.
Le court-métrage réalisé par John Landis pour la chanson « Thriller » a révolutionné l’histoire du clip… et impressionné des millions d’enfants avec ses danseurs zombies.
Après « Thriller », Jackson connaîtra un déclin artistique progressif, les albums suivants, « Bad » (1987), « Dangerous » (1991) et « Invincible » (2001) suscitant de moins en moins d’intérêt critique. Surtout, son image d’artiste génial a cédé la place à celle d’excentrique inquiétant en raison de ses changements d’apparence physique et de la plainte d’attouchements sur mineur dont il a fait l’objet.