« Terre togolaise au carrefour… ». Le public ne peut contenir son enthousiasme à l’entame de ce refrain. En 2009, les tensions augmentèrent au Togo à l’approche des élections. Les populations s’inquiétaient. Sensible à cette atmosphère, Sœur Nègre Kezita balance « Au carrefour » à son peuple pour qu’il comprenne que l’heure du Lion de la tribu de Judah a sonné pour son pays.
Et qu’il n’était pas le moment de baisser les bras. Ce refrain sonne encore dans la tête de plusieurs fans et mélomanes de cette « Ghetto Girl » dont le talent est désormais dévoilé. La raison : elle fait désormais son entrée officielle dans l’univers musical avec « So Real », son premier disque.
Si les femmes connaissent un regain de forme dans le reggae, Kézita est probablement l’un des fers de lance de cette nouvelle scène féminine sur la cote ouest-africaine. Après avoir trainé sa bosse dans plusieurs groupes reggae au Togo et au Ghana, Kezita adhère à des projets artistiques soutenant la paix, la justice et l’intégrité dans une ambiance chaleureuse, et se fait une place de choriste à ses débuts avec le groupe South Coast en 2003 où elle s’est fait connaitre avec les titres comme « Entrée fulgurante » et… « South Coast ». Avec Lumumba Studio, son titre « Révolution Time » apparait en 2008 sur la compilation « Street Performance ».
Il y a quelques années encore, quand on la voyait assurer le chœur de sa sœur Renya, chanteuse de gospel, nul ne pouvait la prédestiner à une carrière reggae. Mais aujourd’hui, la réalité est tout autre. Un album de 14 titres aux couleurs reggae dont la sortie est effectuée fin août dernier à travers un lancement en direct des antennes de radio Zéphyr, une radio privée togolaise.
L’œil pétillant, irrésistiblement espiègle et vive, du haut de ses vingt ans (et plus), Kézita ne mâche pas pour autant ses mots. Celle-là qui les esprits avertis s’accordent déjà d’appeler la Lauryn Hill Togolaise se veut pur et rebelle de part la conscience de ses textes. Pour preuve, son premier essai discographique est un mélange détonant de lyrics, assaisonnés aux riddims de Kingston. « So Real » sortit chez G2M, dévoile l’inquiétude de sa terre natale, mêlée des joies et des rythmes que propose sa culture.
Née un 16 avril en 1985, Kétoglo Zita alias Kézita est issue d’une famille musicale. Son reggae s’éloigne de l’hypnose des boites à rythmes pour marquer un net retour au live.
Si la voix soul, brûlante et sensuelle de Kézita se combine au beat reggae, elle le doit à ses expériences antérieures à travers des prestations diverses, dans les reggae sound system avec les DJ Xela, Xebee, Digital Lion ou comme choriste pour sa sœur Renya. Tout le monde craque pour le timbre de voix envoûtant de la jeune-femme qui transcende l’auditeur sur le sublime « Ghetto Girl ».
« Défendons le peu d’amour qui nous reste : l’Apocalypse sur Terre contre la puissance de l’espérance et de la foi qui reste dans les cœurs ! », dit la reggaewoman. Aujourd’hui, la belle chanteuse a su prouver qu’elle était capable d’offrir en solo de véritables tubes aux couleurs chatoyantes du reggae, aux nuances corsées et sertis de rythmes R&B lumineux et raffinés : « Freedom we need », « Revolution time », « Born to win », « Can’t Imagine », « Mes 1000 peines », et…le fumant » Vévé Séssé (Souffrance) » sont autant de bijoux sonores qui se laissent écouter le jour comme la nuit.
Comme quoi, il y a de la musique qui puisse arrêter le temps.