Les autorités togolaises ont déclenché cette semaine l’opération « Entonnoir 2 ». Une initiative dont l’objectif est de lutter contre la vente illicite et frelatée de l’essence au Togo.
« Sur toute l’étendue du territoire national, nous avons constaté que la vente illicite de carburants est un phénomène qui progresse. Si nous ne faisons rien, nous allons connaître des moments très difficiles », explique Atcha Titipkina, le Ministre de la sécurité.
Cette opération est mise sur pied avec le concours des ministères de la sécurité et celui du commerce, et des responsables des sociétés pétrolières. Entre temps, l’opération « Entonnoir I » a connu un bilan mi-figue mi-raisin, obligeant les autorités togolaises à tout mettre en œuvre pour éradiquer ce phénomène. D’où les responsables de cette action reconnaissent, qu’« il y a des choses à corriger ». « Et nous devons réussir », rassure M. Titipkina
Selon les informations, la vente de carburant aux abords des routes, à bas prix porte un sérieux coup à l’économie nationale du pays. Rien qu’avec la récente haute du prix du carburant, plusieurs ménages se sont résolument tournés vers ces vendeurs de « boudè » (essence frelatée) qui n’en demandent pas mieux. Ces derniers disent faire quotidiennement un bénéfice d’au moins 20 000 Fcfa par jour.
« Le phénomène est globalement déstructurant pour l’économie dans son ensemble et nécessite d’être combattu », a expliqué M. Gozan, Ministre du commerce. Car, il fait perdre à l’État togolais environ 4 milliards de F.CFA par an. Un coup également ressenti au niveau des sociétés pétrolières dont le chiffre chute au jour le jour, soit plus de 60 milliards de F.CFA par an.
« Il s’agit d’un assainissement complet de ce secteur. Ce phénomène se traduit par une baisse drastique de la vente officielle de carburant. Si des mesures drastiques ne sont pas prises à temps, nous tendons vers une informalisation complète de l’économie et cela sera ingérable », a ajouté le Ministre.
Selon des statistiques, au moins quinze ménages partis en fumée courant 2009, à cause de ce trafic. Un triste bilan de 16 décès et 67 blessés graves ont été enregistrés.
Le phénomène a pris de l’ampleur dans les années 90, période d’une grève générale illimité qui a paralysé toutes les activités économiques du pays. Les vendeurs passent la frontière de Hillah Condji (Bénin) ou d’Aflao (Ghana) pour s’approvisionner au Bénin et revenir revendre à prix défiant toute concurrence. Aujourd’hui, ils ne sont pas prêts de lâcher l’affaire.
« Nous sommes peinés de la décision des dirigeants de suspendre notre activité. C’est ce qui nous fait vivre depuis des allées. C’est difficile d’abandonner du jour au lendemain son gagne pain, sans avoir un métier en retour. Tant que je n’aurai pas un autre job, je continuerai en douce », persiste un vendeur à Lomé. Autrement, la saga continue…